jeudi 10 septembre 2009

Charte de la résistance pédagogique des enseignants du primaire



Pourquoi il est important de signer la Charte

Les « réformes » gouvernementales, loin d'aller dans le sens d'une école au service de tous les élèves, participent du démantèlement du service public d'éducation. Le 20ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, ratifiée par la France en 1990, doit nous inciter à tout mettre en œuvre pour défendre les valeurs qu’elle porte.

Le réseau des enseignants du primaire en résistance vous propose de signer cette charte :

- quel que soit l'objet de votre résistance (nouveaux programmes, aide personnalisée, évaluations nationales CE1/CM2, stages de remise à niveau, fichier Base-élèves…) ;

- quelles que soient les modalités choisies (boycott, contournement, aménagement, mise en place de projets alternatifs...) ;

- quel que soit le poste que vous occupez dans l’Education Nationale (enseignant, éducateur, enseignant spécialisé, psychologue scolaire, conseiller pédagogique…).

Que vous ayez déjà affiché votre résistance par une lettre personnelle ou collective à votre inspecteur l’an dernier, ou que vous ayez résisté de façon moins visible, nous vous invitons à signer cette charte.

Signer cette charte est un acte de résistance. Plus le nombre de signataires sera important, moins le ministère pourra ignorer la force de cette résistance collective.

Dès que votre signature sera confirmée, votre nom apparaîtra dans la liste des signataires, visible sur le site.

Les ministres successifs n’ont de cesse de dire que la grande majorité des enseignants applique les « réformes ». Tous ensemble, en signant la Charte, apportons la preuve du contraire.

Montrons notre attachement à un service public d'éducation de qualité pour tous.



Voir les signataires Signer la Charte


LA CHARTE

Les « réformes » structurelles et pédagogiques imposées par le ministère de l’Education Nationale ne permettent pas de construire une école équitable, humaine et respectueuse de tous les enfants. Elles conduisent à la déconstruction de l’école publique en vue de l’ouvrir au secteur marchand. Notre devoir est d'y résister.

En adhérant à la présente charte, je m’engage à agir dans le sens d’une éducation et d’un enseignement qui visent à :

1. respecter les droits de l'enfant tels que définis dans la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, notamment le droit à une éducation de qualité pour tous, le droit à l'épanouissement et au développement harmonieux de l'enfant.

2. favoriser l’autonomie et la responsabilité de l’enfant, être doué de raison et de conscience.

3. contribuer à la construction de sa pensée par une pédagogie privilégiant la coopération et le raisonnement, plutôt que la compétition et la simple répétition d'automatismes.

4. apprendre à s'exprimer, lire, écrire, compter aux élèves en les mettant en situation de réflexion et d'échanges.

5. assumer une autorité éducative, opposée à l'autoritarisme, fondée sur le respect de la liberté de conscience, le respect mutuel et la légitimité de règles élaborées ensemble.

6. réaliser des évaluations constructives qui permettent de mesurer réellement les progrès des élèves et de favoriser l'estime d'eux-mêmes.

7. créer les conditions de coopération au sein de la communauté éducative (Enseignants-RASED-Parents...) et au sein de la classe qui aident chaque enfant à entrer dans les processus d'apprentissage et à surmonter ses difficultés.

8. promouvoir une réflexion sur l'aménagement du temps de vie de l'enfant à l'école qui respecte ses rythmes chrono-biologiques.

En signant cette Charte, j’entre en résistance en n’appliquant pas tout ou partie des dispositifs contraires aux valeurs de respect, de coopération et de progrès. Je revendique, en conscience, par loyauté envers le service public d'éducation, et au nom de la liberté pédagogique inscrite dans la loi, la possibilité de mettre en place toute alternative pédagogique dans l’intérêt des enfants.

lundi 24 août 2009

L’École après la grippe porcine : Un bouleversement radical est en marche

Il peut sembler étrange de s’interroger sur l’impact sur l’École de la grippe A (H1N1, souvent appelée grippe porcine). Se pose-t-on la même question pour la grippe saisonnière qui touche en France près de 2 millions de personnes et provoque 2 000 décès ? S’interroge-t-on sur les conséquences des autres maladies sur l’École et son fonctionnement ? Pourquoi le faire plus particulièrement pour la grippe porcine ? Pourquoi un bouleversement du système éducatif serait-il en marche ? Lequel ?

En premier lieu, plusieurs facteurs légitiment d’évoquer la grippe A et ses conséquences sur le système éducatif.



* Cette maladie nouvelle, planétaire, médiatisée, se répand un peu plus chaque jour. Dans l’inconscient collectif elle renvoi aux tragiques épidémies des temps anciens. Je sais les craintes que de tels risques inspirent aux personnes, même de nos jours. Lorsque j’étais recteur en Auvergne, je fus confronté à quelques cas isolés de méningite sur un territoire de l’ordre du quart d’un département. À maintes reprises, les chercheurs expliquèrent au grand public, aux médias, aux élus, preuves à l’appui, qu’il ne s’agissait pas d’une épidémie : les cas ne provenaient pas d’un même virus. Rien n’y fit. Les explications, qui se voulaient rassurantes, ne firent qu’accroître les craintes des familles. Au point que le Préfet dû se résoudre à faire procéder dans l’urgence à la vaccination de 150 000 enfants et étudiants. L’impact d’une menace d’épidémie ressemble à un " effet papillon " : il est sans commune mesure avec la cause. La grippe A réunit les conditions pour que des effets de panique se produisent à et obligent les autorités sanitaires à prendre des mesures drastiques, sans précédent, sur de larges territoires et pour de longues périodes. Il est presque certain que cela se produira dans les mois qui viennent et, peut-être même, dès la prochaine rentrée scolaire. Certes, différents scenarii sont possibles : on voit des pays qui préfèrent ne diffuser aucun chiffre officiel et jouer sur la discrétion, alors que d’autres, comme l’Angleterre, s’inquiètent déjà de l’impact sur leur PIB, en craignant une baisse de 5 points de celui-ci.





* En France, face aux quelques cas de grippe A, les pouvoirs publics ont décidé une brève fermeture de deux ou trois collèges, d’une quarantaine d’écoles (sur les 56 000 que compte notre pays) et de quelques colonies de vacances. La grippe A émerge en des lieux variés qui se multiplieront. Cela conduira les responsables de la santé publique à prendre des mesures de fermeture d’écoles (qualifiées de " confinement ") sur des zones étendues : plusieurs établissements scolaires, toute une circonscription, tout un bassin, tout un département, peut-être plus large encore… Le confinement a un bel avenir devant lui !





* La fermeture d’une école ou d’un établissement secondaire pendant quelques jours s’est déjà produite dans le passé, pour des raisons diverses, notamment de santé publique. Cela arrivera encore. Les périodes de fermetures sont en général courtes ; les familles font face avec quelques modestes aides publiques. Lorsque ces fermetures sont longues (destruction d’un bâtiment par incendie, ou explosion, comme à Toulouse par exemple), les autorités arrêtent des mesures de substitution en s’appuyant sur les écoles et établissements les plus voisins qui fonctionnent. Or, demain, de vastes territoires seront concernés et il sera ni possible ni pertinent de déplacer quotidiennement un très grand nombre d’élèves. Le temps de propagation de la pandémie pouvant durer des semaines, voire des mois, le virus devenant de plus en plus actif, ce sont d’autres dispositifs alternatifs qui seront mis en place. On parle déjà, officiellement de 12 semaines au moins. Enfin, l’épidémie peut revenir plusieurs fois et sous des formes plus redoutables.





On discerne donc la nouveauté de ce phénomène, sans précédent dans l’histoire récente de l’Éducation nationale : tous les élèves d’un territoire " interdits d’école " pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, plus encore peut-être. Essayons d’imaginer ce qui se passera et ce que seront les conséquences ultérieures sur notre système éducatif : comme pour la crise financière, il faudra bien sortir de la grippe A !







Alertés depuis longtemps par les chercheurs et les responsables de la santé publique, les autorités de l’Éducation nationale ont anticipé l’avènement de ce phénomène et préparé une riposte pédagogique en complément des mesures sanitaires qui relèvent d’autres responsables. Plaçons-nous dans l’hypothèse où tout un territoire serait " confiné " pour un temps long et indéterminé. Soudainement, pour la première fois dans son histoire, le système éducatif sera entre les mains des parents et des élèves. Que pourront-ils faire et que feront-ils ? Quel rôle jouera alors l’Éducation nationale et comment ?



En France, l’École (publique et privée) est sous le contrôle de l’État. Son organisation est uniforme sur l’ensemble de l’Hexagone. Uniformité formelle, j’en conviens, mais qui sert de colonne vertébrale à l’ensemble. Suite au confinement, sans préparation ni des parents ni du corps enseignants, c’est un autre système, hybride, qui se mettra en place et fonctionnera pendant des semaines, peut-être des mois. Aux mécanismes centralisés, bureaucratiques et technocratiques, très peu évolutifs, succèdera l’empirisme total, à travers une complète décentralisation sur les parents.



Première conséquence de la grippe A : un bouleversement profond du système éducatif ; or la majorité des acteurs n’en ont pas encore pris conscience.

Pour dire vrai, cela va considérablement accentuer l’existant scolaire actuel, nié par beaucoup d’enseignants et de cadres éducatifs. Deviendront essentielles les activités autour de l’École mais que l’École feint d’ignorer. La colonne vertébrale ayant disparue, les autres éléments déjà à l’œuvre vont prendre une place prépondérante, de façon diversifiée suivant les élèves. Alors que depuis quelques décennies les enseignants français peinent à individualiser les enseignements, ce sont les parents qui soudain le feront.



Les élèves pourront bénéficier des productions pédagogiques déjà préparées dans cette perspective depuis plusieurs mois, notamment par le CNED. Elles leur parviendront par la télévision, la radio, puis par Internet. La " e-académie " est promise à un beau succès, au moins au début, tant qu’elle pourra afficher une situation de quasi-monopole qui sera brève. En supposant que la totalité des familles disposent, à défaut de l’accès à Internet, d’une radio ou d’une télévision, le système éducatif considèrera qu’il a rempli son devoir et assuré sa mission. Les enseignants, qui n’auront plus d’élèves en classe, seront sollicités pour faire de l’accompagnement à distance (alors qu’ils ne sont pas formés à cela), de la correction de devoirs, etc. Une coupure se fera rapidement entre d’un côté les élèves qui se " contenteront " de ce service formel minimal, somme toute peu contraignant et de l’autre ceux qui bénéficieront de groupes de travail collaboratif à distance, avec leurs enseignants ou d’autres personnes ressources, accompagnés de différentes formes de " coaching ", dont celles offertes par Internet. Quatre grandes catégories d’élèves, déjà présentes, se distinguent.



* Il y aura d’abord les élèves aidés par leur famille, ceux dont l’avenir est tracé dès la maternelle, qui sont destinés à entrer à Polytechnique, Normale sup, Sciences Po ou en médecine. Ils sont accompagnés par leurs grands-parents, leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs cousins, des amis, par leur milieu composé de cadres, d’enseignants, d’avocats, d’architectes, d’ingénieurs, etc. Ces élèves apprennent l’essentiel en dehors de l’École, parfois avec plusieurs d’années d’avance sur l’âge officiel. Pourtant l’École les présente comme ses plus belles réussites : mentions au Bac, lauréats du concours général, olympiades, etc. Dans PISA ils font mieux que les petits finlandais ou coréens. Pour eux, avec le confinement, le changement sera faible. Les nouvelles ressources mises à leur disposition par l’Éducation nationale s’ajouteront à celles qu’ils utilisent déjà. Il n’est pas certain qu’ils s’en servent tant ils pourront les trouver culturellement pauvres. Leur communauté continuera, comme si de rien n’était, à les prendre en charge. Parmi eux, les enfants des familles les plus aisées en profiteront sans doute pour aller faire un semestre ou une année d’études dans un pays moins touché par la grippe. Je n’évoque pas ici les élèves intellectuellement précoces (200 000 selon l’Inspection générale). Ceux d’entre eux qui réussissent à l’école sont souvent repérés au moment où ils passent le Bac avec deux ou trois années d’avance. Pour eux, rien ne changera. Par contre, ceux qui, au contraire, échouent (plus du tiers) parce qu’ils s’ennuient à l’école emprunteront les autres voies que je vais indiquer. Entrent encore dans cette première catégorie les élèves dont les familles ont décidé de ne pas scolariser leurs enfants ; elles ne représentent qu’un faible pourcentage, en légère augmentation, mais qui risquera de s’accroître après le confinement. Au total, ce premier groupe représente environ 30% des élèves.





* Existe une deuxième catégorie d’élèves. Il se dit qu’il y aurait en France aujourd’hui plusieurs milliers d’officines d’enseignement. Leur chiffre d’affaire a augmenté de 35% cette année. Il a atteint 2,5 milliards d’Euros. Elles concernent massivement les enfants des classes moyennes, entre 20% et 25% des élèves. Certes, les cours particuliers existent depuis longtemps et les parents français, l’été dernier, ont acheté 4,5 millions de livrets de devoirs de vacances. Mais avec le développement massif des officines, on est passé de l’artisanat à de l’industrie de masse. En raison de leur petite taille, ces entreprises sont très réactives. Elles collent aux besoins. Pour elles, c’est une question de vie ou de mort. Par exemple lorsque l’orientation des élèves a été pointée comme une faiblesse du système éducatif français, en peu de temps, elles ont lancé sur le marché de nouveaux produits " orientation ", sous la forme de modules. Il est évident que face aux confinements, elles transformeront leur offre : d’une part, en proposant de très petits groupes avec de strictes règles sanitaires ; d’autre part, par un usage généralisé des possibilités de travail à distance : Internet, mails, SMS, Webcam, téléphone, outils de travail collaboratif, etc. La jeunesse n’aura aucune peine à les utiliser, bien au contraire. Je suis certain que ces officines s’y préparent déjà.





Certes, les produits officiels de l’Éducation nationale diffusés en cas de confinement seront gratuits pour les familles. Mais ils sont élaborés par des organismes dont la réactivité n’est pas la qualité première, ni l’écoute des usagers. Ils sont le fruit d’équipes habituées à traiter les grandes masses, par des modalités uniformes et impersonnelles. La part sera donc belle pour la " concurrence " qui jouera la carte de l’écoute et de l’individualisation. Toutes les formes de coaching seront proposées et pratiquées. Dans les faits, il reviendra aux coachs de veiller, pour chaque élève, à la cohérence de ses activités. Sur le territoire confiné, on devine le patchwork que constituera l’ensemble : il sera de plus en plus difficile de trouver dix élèves faisant la même chose. C’est déjà en grande partie le cas aujourd’hui pour près du quart des élèves qui font appel à ces officines, alors que le corps enseignant feint de l’ignorer pour ne pas en tenir compte. Avec la grippe porcine, cela deviendra central et les enseignants, placés en situation périphérique, devront s’adapter à cette situation totalement nouvelle.



* Comme ils le font déjà, les élèves des familles plus modestes, se tourneront vers les associations de quartier, lorsqu’elles ne seront pas fermées par précaution sanitaire. Ceux qui disposent d’Internet iront sur des sites gratuits, à la rencontre de personnes de bonne volonté qui les aideront à faire un devoir (ou même le feront à leur place !). Qui assurera le suivi global de l’élève lorsque la famille n’en est pas capable (famille éclatée, absente, peu éduquée…), lorsque ses moyens financiers ou sa culture ne lui permettra pas de bénéficier de coaching ou d’Internet ? Existera sans doute un vague suivi à distance, assuré par les enseignants. Pour des élèves ayant peu d’appétence pour les études et peu d’encouragement de la part de leur entourage, son influence sera encore plus réduite qu’elle ne l’est en classe, où l’on sait qu’elle est faible. Or on peut estimer que ce groupe représente près de 30% de nos élèves, ceux dont les performances à PISA, sans être les plus basses, sont en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Ils seront, de fait, condamnés à " de l’auto coaching ", c’est-à-dire livrés à eux-mêmes. On demandera donc encore plus à ceux qui à l’heure actuelle peuvent déjà le moins, ou presque, car il existe une quatrième catégorie.





* C’est la population (de 15% à 20%) des élèves en très grande difficulté depuis la fin de la grande section de maternelle. Ils lisent très difficilement et ne se sentent pas vraiment concernés par la classe. De là à leur demander de reproduire l’école volontairement chez eux ou ailleurs et d’en assumer toutes les conséquences… Sans oublier les 180 000 élèves de l’enseignement secondaire (" que " 5,4% des élèves dit la DEPP ; en fait, cela représente l’académie de Clermont-Ferrand !) absents fréquents et qui finissent par ne plus revenir assister aux cours, ou seulement au fond de la classe où ils passent leur temps à envoyer des SMS. Souvent ils disparaissent, au soulagement de leurs enseignants ; on comprend pourquoi. Que feront ces élèves ? Qui les prendra en charge ? Même physiquement présents en classe, ils ont déjà quitté l’École. Peut-on raisonnablement attendre qu’ils la réorganisent en dehors ? En outre, tous n’ont pas Internet chez eux. Si dans certains établissements ils sont peu nombreux (de l’ordre de 2%), dans d’autres, ils représentent plus de 30% des élèves. Personne ne tient à mettre cela sous les projecteurs car les moyens financiers attribués aux établissements scolaires dépendent du nombre de leurs élèves inscrit chez eux. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir dans un lycée professionnel une section prévue pour 16 élèves ouvrir difficilement en juillet avec 12 inscrits (sous de multiples pressions), puis seulement 8 présents à la rentrée de septembre et plus que 4 élèves en novembre. Personne ne pourrait alors imaginer de la fermer à cette époque de l’année pour cause de nombre insuffisant d’élèves. Pourtant, la grippe A le fera ! Pour ce quatrième groupe d’élèves, il y a peu d’espoirs que les effets de la grippe A aillent dans le sens de l’amélioration de leurs performances scolaires.





Pour résumer : la grippe porcine n’aura guère d’effets négatifs sur la population des élèves qui apprennent bien, de multiples façons et en différents lieux. Elle modifiera les attitudes et comportements des deux groupes intermédiaires, peut-être de façon durable et elle isolera encore plus ceux qui n’arrivaient pas à trouver leur place dans le système scolaire. Les écarts se creuseront encore et les enseignants découvriront, sous la contrainte, de nouveaux métiers.



Si le confinement se poursuit pendant plusieurs mois (qui sait ?), la diversification des pratiques effectives des élèves et des familles s’intensifiera. C’est un système totalement individualisé qui progressivement se mettra en place, de façon empirique et non régulée. D’uniforme, l’école deviendra hybride. De formalisée jusqu’au moindre détail, elle tendra à être indescriptible. Les écarts de performances entre les différents groupes d’élèves, cruellement mis en lumière par PISA, vont s’accroître. Le rapport entre les élèves et les enseignants devenus une ressource parmi d’autres, vont considérablement évoluer. Des sortes de " facebook pédagogique " entre élèves verront le jour, proposant des groupes de travail entre " amis " et indiquant les " bons " enseignants ; sans s’attaquer les autres, leurs messages seront clairs. Le rôle de l’Éducation national restera essentiel sur les examens, mais il faudra les faire passer autrement. Si nous en sommes encore à vouloir interdire l’usage des calculatrices (c’est-à-dire, en réalité, des ordinateurs de poche connectés à Internet), certains pays ont déjà fait un choix opposé : l’usage d’Internet est favorisé pendant les examens. Cela oblige à concevoir des épreuves d’un tout autre type.





Ce bouleversement sera-t-il durable ? Sans doute en partie. Pour aller vers quoi ? Que sera le rôle de l’État ?

Un jour le confinement cessera et… tout ne reviendra pas dans l’ordre précédent. D’abord d’autres confinements pourront suivre. Mais il y a plus important. Pendant des semaines, les élèves et leurs familles auront inventé, construit et fait fonctionner une autre école. Certes, pour l’enseignement primaire dont les fonctions sont autant sociales que cognitives, les familles rescolariseront leurs enfants, mais elles chercheront de nouveaux équilibres avec les enseignants. Je peine à imaginer lesquels. Ils diffèreront d’une école à une autre. La variété règnera. Les parents ne seront plus " sur le paillasson " de la classe, selon la remarque faite par une délégation québécoise venue en France observer nos établissements scolaires. D’usagers, ils deviendront parties prenantes.



Au collège, ce sera plus difficile de trouver un nouvel équilibre. Les élèves ne voudront pas renoncer à l’autonomie acquise, qu’ils l’aient utilisée à bon escient ou pas. Les officines ne lâcheront pas les marchés conquis, les associations non plus, même si elles se défendent de raisonner en termes de marché. Les élèves ne voudront pas interrompre du jour au lendemain leurs usages d’Internet et de leurs instruments nomades. Un nombre plus important de parents se seront emparés de ce que font leurs enfants. Placés soudainement par la grippe A au cœur du réacteur, en majorité ils n’accepteront pas de se retrouver rejetés à la porte de l’Ecole et de la classe. L’École du XIXème siècle sera révolue, celle du XXIème entamera son élaboration et le milieu enseignant devra s’y atteler. À sa manière, la grippe porcine va réformer le lycée.



C’est donc un radical chambardement du système éducatif qu’annoncent les suites de la grippe A.



L’épidémie est mondiale. Pourtant, elle n’aura pas le même impact sur les divers systèmes éducatifs. L’existant est différent d’un pays à un autre. Là où le rôle des parents est déjà important, intégré dans les pratiques sociales comme dans les pays du nord de l’Europe, les relations entre eux et le milieu enseignant se poursuivront à travers des modalités adaptées, basées sur les outils modernes de communication. Selon leurs traditions, ils bâtiront ensemble, sans heurt, leur nouvelle école.



Là où les élèves sont dans l’obligation de poursuivre des activités scolaires intenses en dehors de l’École (comme au Japon ou en Chine), ces pratiques seront accentuées. Des équilibres inverses entre les registres scolaire et hors temps scolaire verront le jour. Dans les pays où les élèves doivent déjà obligatoirement, chez eux, passer un temps important à travailler sur Internet (comme en Corée), ils auront encore plus à le faire. Ils perdront progressivement de vue l’intérêt du travail en présentiel. C’est encore un autre type d’école qui se dessine.



À l’intérieur de chaque pays, les organisations scolaires seront hybrides. Et, d’un pays à un autre, les évolutions se feront dans des voies dissemblables, même si des standards internationaux serviront de référence. Ces évolutions seront peu corrélées aux systèmes politiques. En fait, c’est déjà le cas. Des pays libéraux, comme l’Angleterre, introduisent des régulations étatiques, tandis que la république socialiste du Vietnam voudrait, que dans les quatre années qui viennent, le nombre des étudiants dans les universités privées passe de 17% à 60%.



Pour reprendre une expression de Gérard Moreau (Secrétaire général de l’AFAE) : " le mammouth est réformable " ; grippe A oblige, il le sera. Loin des misérables débats actuels sur les épreuves du brevet, les structures et les filières du lycée, etc. il devra prendre en compte les questions les plus naturelles qui soient : comment les élèves apprennent en classe ? Comment les élèves apprennent en dehors de la classe ? Comment ces deux voies s’articulent-elles ? Quel sera le nouveau rôle des enseignants ?



Aucun modèle mondial unique ne se dégagera : les situations seront variées entre les pays et à l’intérieur de chaque pays. Les États fixeront les standards, les indicateurs de résultats et assureront les régulations, en veillant à l’équité du système (faiblesse majeure du système actuel). L’avenir sera bientôt dans des systèmes scolaires pluriels et hybrides.







Alain Bouvier

Ancien recteur

Membre du Haut conseil de l’éducation

dimanche 23 août 2009

Le ministre Chatel relance l'éducation populaire...

...à moins qu'il nous donne une leçon de bonne gestion municipale. C'est le Canard Enchainé du 19 août qui nous conte (compte?) cette fable.

Luc Chatel n'est pas seulement porte parole du gouvernement et Ministre de l'Education nationale, il est aussi Maire de Chaumont. En tant que maire, il aurait pris la décision de supprimer, selon le Canard, une subvention de 10 000 euros à une association d'éducation populaire.

Conséquences : fin juillet l'association annonce que son centre de loisirs sera fermé en août. Suite aux protestations des Chaumontais, le Maire, à l'écoute de ses administrés se met en quête de partenaires pour éviter la "cessation d'activité" du centre.

Le Viaduc de Chaumont

Le maire parvient à trouver un financement auprès...du Ministre de l'Education nationale !

Il serait assez intéressant de connaitre l'ensemble des associations ayant bénéficié de telles subventions de la part de l'Education nationale en ces temps de vaches maigres. Rares sont les écoles qui ont plus de 500 euros pour un projet culturel. N'est-ce pas la mission du Ministre de créer « des marges de manœuvre » budgétaires ? Ou assistons-nous à la naissance d'une nouvelle forme de niche fiscale au profit d'un lopin de France ? Non, soyons confiant, il ne s'agit que d'une relance de l'éducation populaire...


dimanche 28 juin 2009

Soutien aux enseignants désobéisseurs...


Communiqué de Presse Coordination Nationale
Ecole en Danger
Soutien aux enseignants désobéisseurs

Conscient de l’importance de la mobilisation des salariés de l’éducation et des parents contre les réformes DARCOS et PECRESSE et inquiet de cette forme de résistance inédite, le gouvernement espère briser la contestation par la répression, multipliant sanctions financières et administratives, pressions et intimidations…

La coordination nationale Ecole en Danger dénonce et condamne les procédures disciplinaires qui visent les enseignants désobéisseurs et appelle tous les collectifs mobilisés et, plus largement, tous ceux qui sont conscients de la gravité des attaques portées contre l’école et ceux qui osent la défendre, à soutenir les enseignants sanctionnés et particulièrement :

Erwan REDON, professeur des écoles à Marseille (13), syndicaliste et militant pédagogique, qui a exprimé dans une tribune sur Rue 89 les raisons pour lesquelles il est réfractaire aux mesures en cours. Après avoir subi un retrait de salaire de trente-deux jours et un refus d’organisation de classe verte, il est convoqué à Marseille le 7 juillet 2009 à 9h devant la commission paritaire siégeant en formation disciplinaire pour « insuffisance professionnelle » et risque le licenciement. (Voir le blog du comité de soutien à Erwan).

Alain REFALO, professeur des écoles à Colomiers (31), qui a initié le mouvement de résistance pédagogique par la publication de la lettre à son inspecteur : « En conscience, je refuse d’obéir ». Après avoir subi un retrait de quatorze jours de salaire et un refus de promotion au grand choix pour avoir mis en place un atelier théâtre sur le temps de l’aide personnalisée, il est convoqué à Toulouse le jeudi 9 juillet 2009 à 15h devant la commission paritaire siégeant en formation disciplinaire pour « refus d'obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective et attaque publique contre un fonctionnaire de l'Education Nationale » (Voir le blog de résistance pédagogique pour l'avenir de l'école).

Bastien CAZALS, directeur d’école à St Jean de Védas (34), qui a signifié son entrée en résistance par une lettre ouverte au président de la République, développée dans son ouvrage Je suis prof et je désobéis. Après avoir subi un retrait de trente-six jours de salaire (audience au TA de Montpellier le 6 juillet à 15h), il a reçu un courrier de l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault lui intimant l’ordre de ne plus communiquer avec aucun media pour tout sujet ayant rapport avec ses fonctions. (Voir le blog Une école pour Victor et Hugo... et les autres).

La coordination nationale Ecole en Danger invite à mener des actions de solidarité et à refuser et dénoncer ces mesures de répression qui ne pourront venir à bout de cette résistance collective pour un service public d’éducation de qualité pour tous.

La CNEED appelle notamment à signer et faire signer les pétitions de soutien à Erwan REDON, à Alain REFALO
, à Bastien CAZALS et à venir nombreux de chaque département devant l’inspection académique de Marseille le 7 juillet 2009 à 9h et devant celle de Toulouse le 9 juillet 2009 à 14h.

Porte-parole de la coordination nationale Ecole en Danger
:
Lyon: isabelle.campanella@free.fr

Villefranche: b.ez-zafir@laposte.net
Toulouse: ldmailys@free.fr
Dijon: sirat.hassenia@hotmail.fr


dimanche 21 juin 2009

prochains rendez-vous et un peu de lecture aussi....


mercredi 24 juin :

Le matin:
deuxième dépôt de plaintes contre base élèves.
chrbe
A Béziers, 9h30 devant le TGI (à côté de la cathédrale)
A Montpellier, 11h00 devant le TGI (sous le Peyrou)


Après-midi, à Montpellier:

Grand vide grenier de la solidarité, en soutien aux enseignants désobéisseurs sanctionnés financièrement.

14h30, devant l'Inspection Académique à Montpellier
Amener de quoi vendre, et de quoi acheter.
La collecte alimentera la caisse départementale de Solidarité avec les désobéisseurs.
(Action soutenue par CNT Educ et SUD Educ)




mercredi 1er juillet


Pique-nique de fin d'année du collectif "quelle école pour demain?"
Rendez-vous à midi à Villeneuvette, avec de quoi partager le repas.
ici pour la carte routière et pour la carte postale...


mardi 7 juillet

Tous à Marseille, pour soutenir Erwan Redon, enseignant marseillais désobéisseur menacé de révocation.
Pensez au covoiturage.

9h : Rassemblement national devant l’Inspection Académique des Bouches-du-Rhône
(28, bd Charles Nédélec, 13001 Marseille. Métro St Charles).

Pour l’hébergement sur place, contacter :mylene.romeas@orange.fr ou florence.gilain@free.fr

le site de référence, c'est ici...
et si vous avez un peu de temps, je recommande la lecture de cette lettre, écrite par une psychologue scolaire, c'est là...

samedi 30 mai 2009

évaluations CE1 à Saint Pargoire,rectificatif et résumé...


Nous avons toujours été attentifs à vérifier et recouper les informations auxquelles nous nous référions mais pressés par le temps par la journaliste qui nous laissait très peu de temps (elle devait partir) nous avons mis la signature de nos réunions d'informations du début de l'année.
Il nous faut préciser que l'action de blocage n'a été décidée et assumée uniquement par les parents d'élèves de l'école élémentaire et de l'école maternelle du Collectif de Parents de Saint Pargoire sans la participation des enseignants.

En résumé nous avons réussi à bloquer deux jours et demi.
Pendant une demie journée, 8 élèves (parce que tous les parents n'ont pas pu être joints à temps pour reprendre leurs enfants) ont passé ces nouveaux types d'évaluation et le lendemain, vendredi, seuls 3 élèves sur 27 ont achevé ces évaluations.

Précisons que la pression a été très forte compte tenu de la taille de l'école. L'inspecteur de circonscription, Monsieur Evrard, et une dame qui ne s'est pas présentée (elle a fini par donner sa fonction de "conseillère pédagogique") et qui était déjà intervenue à l'école de Campagnan dans les mêmes circonstances, nous ont été dépêchés pour tenter de nous décourager.

Le discours de cette dame était pour le moins étrange : "en refusant ces méthodes d'évaluation des enfants..." selon ses termes, "...nous permettions à des audits externes de faire ces évaluations plutôt que de les laisser faire en interne".

Défendre l'école de la République serait favoriser sa privatisation ! Cette dame doit plutôt être conseillère en idéologie libérale...

Le Collectif de parents de Saint Pargoire

vendredi 29 mai 2009

évaluations CE1 à Saint Pargoire, suite...


Avis aux parents et enseignants,

Nous avons mené une action de blocage des évaluations de CE1.

Rappel concernant le fond :


Ces évaluations basées sur un système binaire (juste ou faux) passées par les élèves de CM2 et maintenant de CE1 (pendant la semaine du 25 au 29 mai 2009) ont une méthode et un but entièrement différents des évaluations « classiques ».
Elles ne détectent ni les forces ni les faiblesses des élèves et ne peuvent donc remédier à ces dernières.
D’après notamment un enseignant spécialisé dans les évaluations de ce niveau, les questions ne correspondent pas, pour beaucoup d’entre elles, au niveau des CE1. Ils doivent répondre dans un temps déterminé très court, et lorsque plusieurs questions constituent un item, une seule faute suffit à rendre tout l’item nul.
Il faut savoir que ces évaluations figureront et seront même, l'élément déterminant du livret national de l'élève et le suivront toute sa scolarité. Le but est de mettre en concurrence à la fois les élèves, les enseignants et les écoles. Le budget sera alloué aux écoles en fonction des résultats ; les enseignants se verront octroyer des primes puis leur rémunération se fera au mérite ; les « mauvais » élèves seront évincés de certains établissements.

Soyons attentifs ! Il est prévu de regrouper les petites écoles en E.P.E.P. (établissement primaire d'enseignement public) d'environ 15 classes et surtout, la direction de l'école sera confiée non plus à un enseignant assumant la fonction de directeur mais à un gestionnaire, n'ayant donc qu'un objectif de rentabilité.
L'enseignement sera ouvertement et uniquement inféodé à l'économie.
Il est également prévu de réduire petit à petit les maternelles en supprimant d'abord la toute petite section , puis la petite et enfin la moyenne section pour ne conserver que la grande section qui dépendrait de l'école élémentaire.

On supprime petit à petit les RASED (réseaux d'aide aux enfants en difficultés) tout en plaçant, par l'allongement des journées, la suppression du samedi matin et l'alourdissement du programme, certains enfants en difficulté qui ne l'auraient pas été avant.
Cela participe à une grande opération de "tri sélectif", au repérage dès la maternelle de nos enfants comme si leur histoire était déjà écrite. Un fichier des retards scolaires et des troubles du comportement est prévu.

Pour toutes ces raisons, il a été décidé le blocage de ces évaluations,
sans empêcher pour autant les enfants d'avoir cours.


Nous sommes des parents et des citoyens responsables, non démissionnaires et estimons qu'il est de notre devoir de défendre l'école de la République dont les fondements sont attaqués par toutes ces nouvelles mesures.


Notre action au jour le jour :

Nous avons opté pour un mode d'action collectif qui ne pénalise pas les parents qui travaillent. Depuis lundi matin nous avons constitué une représentation tournante des parents afin d'empêcher que ces évaluations aient lieu.

Lundi, l'inspecteur de circonscription, Monsieur Evrard, est venu nous sommer de quitter les lieux et a appelé la gendarmerie bien que Madame le Maire et deux de ses adjoints venus s'entretenir avec nous, nous aient assuré n'avoir en rien demandé cette intervention. Il a une seconde fois demandé que la gendarmerie intervienne bien que la directrice leur ait répondu que nous ne perturbions pas le fonctionnement de l'école mis à part la surveillance des livrets d'évaluation.
Pour justifier une telle dépense d'énergie face à des parents paisibles, c'est qu'on ne veut absolument pas que l'ensemble des parents se rendent compte de l'enjeu qui est bien au-delà d'évaluations qui peuvent paraître bénignes.


Mardi matin, l'inspecteur était là avant l'ouverture de l'école pour empêcher les parents d'entrer. Mais certains sont parvenus à entrer quand même et d'autres se sont joints spontanément au fur et à mesure de la journée et les ont soutenus derrière la grille avec force discussions, café et jus de fruits parmi les bébés et poussettes venus en renfort.

A savoir que certains parents soutiennent le mouvement sans pouvoir être présents à cause de leur travail.


Jeudi matin, nous étions là, nombreux avec quelques bébés dans la bonne humeur et déterminés.
Cette fois-ci, sans venir vers nous, vers10h30, l'inspecteur est allé vers la classe des CE1, est reparti téléphoner et est revenu avec les fameux livrets verts vers 11h.

On a vu, par la fenêtre que les enfants l'avaient devant eux.
Monsieur Evrard restait dans la classe pour imposer et contrôler la passation de l'évaluation.
Nous nous sommes concertés et avons décidé de rentrer dans la classe pour récupérer nos enfants. Monsieur Evrard s'est tenu au chambranle de la porte et nous en a interdit l'accès en disant que ce lieu était privé.
Nous lui avons répondu que c'est encore l'école publique. Il nous a dit que nous n'avions pas le droit de récupérer nos enfants avant midi, même avec une décharge signée des parents. Suite à cela nous avons rappelé Madame le Maire, Agnès Constant, qui est venue dès qu'elle a pu se libérer avec le Premier adjoint, Monsieur Darmanin. Nous avons rempli les décharges et récupéré petit à petit des enfants.
Face à cela il a quitté la classe.
Nous l'avons informé que nous représentions une majorité de parents en accord avec notre action. Ces parents, une fois prévenus retireraient également leurs enfants.
A midi, une conseillère pédagogique qui n'a pas donné son nom, est venue épauler pour la seconde fois l'inspecteur de circonscription, nous disant qu'il fallait passer l'évaluation pour empêcher la main mise de l'éducation nationale par un audit externe et en disant que les enseignants avaient la consigne de majorer les résultats et qu'on n'avait pas à s'inquiéter. Nous lui avons répondu que nous voulons que tous les enfants aient les mêmes chances de réussite et que nous sommes opposés aux tricheries que suscitent ce type d'évaluation qui sont monnaie courante en Angleterre.

A 14h, Monsieur Evrard était à nouveau là pour faire passer l'évaluation à une classe dont les effectifs étaient passés de 27 à 8.
Au minimum, 2 élèves seront encore retirés demain, leurs parents en accord avec la mobilisation contre ce type d'évaluation étant indisponibles aujourd'hui.
Vendredi, il reviendra faire passer l'évaluation aux 6 élèves restants.

Le Collectif de parents de Saint Pargoire



base élève, suite...

Ce sont 158 plaintes qui ont été déposées hier, pour l'Hérault (134 plaintes à Montpellier, 24 à Béziers). Une autre salve est prévue courant juin.

A consulter, le dossier du Collectif national de résistance à Base Eleve, un clic ici

Me Gandini a déposé, hier matin au TGI, une plainte contre Base Élèves Les derniers détails administratifs se sont réglés sur le perron de la Cité judiciaire. Hier matin, parents, enseignants et une poignée de directeurs d'école ont finalisé le dépôt de plainte contre le fichier Base Élèves.


L'Hérault est ainsi le 12 e département à entrer dans la fronde contre « le fichage des élèves », comme le relève M e Jean-Jacques Gandini. L'avocat considère en effet que c'est une atteinte à l'article 226-16-17-20 du Code pénal réprimant « un fichage non conforme ».

sur midi libre.com, l'article de Yannick Povillon : la suite ici

et sur l'Hérault du jour, celui d'Axelle Chevalier-Périer (clic sur image pour agrandir)














mardi 26 mai 2009

Comité de soutien à Sébastien Rome...

Comité de soutien à Sébastien Rome et aux personnels « désobéissants » - Circonscription de Lodève


Nous soussignés les membres du comité de soutien à Sébastien Rome et aux enseignants dits désobéissants, déclarons que nous sommes indignés par la sanction infligée à M. Rome (16 jours de retrait de salaire pour désobéissance « en première instance », en l’occurrence, manquement aux obligations de service).


M. Rome a fait savoir publiquement ses préoccupations quant aux réformes en cours dans l’Education Nationale, avec 383 de ses collègues, dans une lettre du 17 décembre adressée à l'Inspecteur d'Académie de l’Hérault. Il se déclare notamment critique quant à la mise en œuvre de l’aide personnalisée, évoquée par le ministre pour faire croire au bien fondé de la suppression de nombreux postes de RASED.


Les sanctions infligées par l’Inspecteur d’Académie nous apparaissent iniques à plusieurs titres :

elles ne s’appliquent qu’à un nombre réduit de personnels jugés désobéissants », laissant de côté d’autres personnels « désobéissants », et témoignent ainsi d’un traitement tout à fait arbitraire des personnels. La fonction publique devrait être un exemple d’équité ; l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault donne un bien triste exemple du contraire.

le retrait d’une journée de salaire pour 30 minutes de service non fait, sans qu’ait été faite la vérification jour par jour dudit service nous apparaît disproportionnée voire illégale. Elle vise à intimider les enseignants en les asphyxiant financièrement.

Ces sanctions sont une réponse brutale qui montre la crispation de la hiérarchie sur des réformes dont la finalité est uniquement la réduction des coûts de fonctionnement de l’Education Nationale au détriment des enfants les moins favorisés. Nous plaidons au contraire pour une large concertation afin que soient enfin entendues les propositions des acteurs du terrain.

En conséquence, nous nous déclarons pleinement solidaires avec M. Rome et demandons solennellement à l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault de reconsidérer sa position afin de pouvoir construire, ensemble, une meilleure école publique pour demain.

Dans l’attente de cette inflexion, nous sommes favorables au soutien financier des personnels sanctionnés. Des chèques libellés à l’ordre du SNUipp et mentionnant au dos "solidarité désobéisseurs" peuvent être envoyés à l’adresse suivante :

SNUipp-FSUMaison des syndicats
474, allée Henri II de Montmorency
34000 MONTPELLIER

lundi 25 mai 2009

Dépot de plaintes ...


Les premiers dépôts de plaintes contre le logiciel centralisé de fichage des enfants (BE1d) auront donc lieu ce mercredi 27 mai.

Au TGI de Montpellier (nouveau tribunal, sous le Peyrou) : 11H00, en présence de Jean-Jacques Gandini, avocat du Collectif.

Au TGI de Béziers (Place de la Révolution, à côté de la cathédrale) à 9H30.

La présence du plus grand nombre de parents plaignants est souhaitable, et le soutien de toutes et tous est attendu.
Venez nombreux !

Un nouveau dépôt devrait être programmé pour la fin du mois de juin, afin de laisser encore un temps d'information.

Toutes les informations, et les modèles pour porter plainte sur le site du Collectif
Héraultais de Résistance à Base Elèves. (clic sur le nom)

Sur le site,vous trouverez aussi les dernières nouvelles concernant les dépôts de plaintes,
en particulier concernant l'ouverture d'enquêtes suite aux dépôts de Marseille et de l'Aveyron.

Certains parents ayant déposé plainte, ont été entendus par la gendarmerie.

Vous trouverez également les questions susceptibles d'être posées (nouvelle du 8 mai), le témoignage d'une maman de l'Aveyron (nouvelle du 15 mai) et
une nouvelle concernant le passage de la France devant le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU (nouvelle du 18 mai).

Communiqué du collectif de Saint Pargoire...


Le Collectif de Saint Pargoire s'est réuni mardi 19 mai et les parents présents ont décidé de bloquer les évaluations de CE1 qui doivent avoir lieu la semaine du 25 au 29 mai car les raisons de fond restent les mêmes que pour celles de CM2 à savoir :



Cette évaluation n'est pas un outil demandé par le corps enseignant, d'ailleurs les informations ne lui sont pas prioritairement destinées. La notation binaire et le traitement informatique à un niveau national ne servent pas à comprendre le niveau réel de nos enfants dans le but d'améliorer l'enseignement qui leur est dispensé.
On ne fait plus confiance aux enseignants qui connaissent nos enfants et peuvent percevoir le processus d'acquisition, ils deviennent de simples exécutants déqualifiés (cf l'inauguration cette semaine par X.Darcos d'une école sans livres où les élèves travailleront sur un support informatique).
Ce système de notation donne une impression fausse du niveau des enfants car si l'on n'a pas tout bon, c'est raté (!), pratiquement pas de nuances, pas de niveaux moyens.
Le but de la sélection vise donc la mise en concurrence des élèves, des enseignants et des établissements entre eux.
L'importance démesurée donnée à cet exercice contestable suivra l'élève dans le livret national unique.
Cela va dans le sens de l'accroissement de données fichées sur nos enfants puisqu'on a déjà le fichier base-élève dont les données sont basculées dans le fichier Base Nationale Identifiant Elève (BNIE) jusqu'à 35 ans et qu'un fichier des retards est en voie de constitution semble-t-il et toujours dans le même projet de société : la détection précoce en maternelle ou avant "des enfants susceptibles de devenir des délinquants", de même que seront notés les élèves ayant des problèmes "psy" et /ou des problèmes nécessitant un soutien scolaire.
Parents des autres écoles que ferez-vous, car il s'agit de l'avenir de nos enfants ?

vendredi 22 mai 2009

Evaluations CE1...

A propos de ces évaluations CE 1 , vous pouvez lire ces compléments d'informations :

Sur le Café Pédagogique : Et si on évaluait l'évaluation ... ?

Analyse des séquences de français
Analyse des séquences de math
Commentaires
appels au boycott

Positions syndicales
A retenir la proposition de consigne unitaire :
  • Ne rendre compte que des seuls résultats des évaluations aux élèves et aux parents de la classe concernée ;
  • Ne pas utiliser le logiciel ministériel de transmission et ne transmettre que les résultats anonymés (élèves et école) en utilisant le logiciel proposé par les syndicats.

samedi 16 mai 2009

L'Education nationale embauche...

...des précaires pour faire la classe. Master enseignement non obligatoire, bien entendu...

J'ai la nausée.

Comment les parents pourront-ils accepter cela à l'heure où il y a une "inflation" dans l'investissement scolaire ? A l'heure où, plus que jamais, nous avons besoin de réponses ciblées pour faire face à la difficulté scolaire, comment accepter cela ?

Quelle est la considération pour ce métier quand on réduit la "tâche" aux heures de classes ? (Dans l'offre de Nîmes seules les heures de présence en classe sont payées, pas de préparation, de correction, de concertation en équipe ou avec les professionnels...) Quand on ne demande aucune expérience ? Quand on complète le temps partiel d'une collègue enseignante ?

J'ai la nausée.

vendredi 8 mai 2009

Xavier Darcos aux côtés des désobéissants

Vrai info "off" de Ouest France ou boutade du 1er avril le 6 mai ? Brocardant le mouvement du supérieur, Xavier Darcos aurait pris la défense des enseignants du 1er degré. Vrai ou pas, c'est au moins une bonne occasion de rire, lisez plutôt.

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mercredi 06 mai 2009

Xavier Darcos furieux contre certains universitaires

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"Des fous qui cherchent des alliés". C'est ainsi que Xavier Darcos qualifient certains universitaires en grève depuis des semaines pour des revendications "auxquelles je ne comprends rien", ajoute le ministre. "Je ne sais même pas ce qu'ils veulent. Ces gens-là creusent leur tombe. A la Sorbonne, les inscriptions sont en chute de 20%. On leur offre l'autonomie; on les couvre de milliards... Pour une minorité, c'est une vraie névrose autodestructrice. Je serais prof du premier degré, je serais sans doute parmi les mecs qui gueulent. Mais, dans le supérieur, plus je plonge dans le dossier, moins j'arrive à comprendre."

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Avec un peu de chance, il enverra un chèque La caisse de solidarité départementale pour les désobéisseurs sanctionnés financièrement :
Vous pouvez envoyer vos chèques libéllés à l’ordre du SNUipp en mentionnant au dos "solidarité désobéisseurs" à l’adresse suivante :
SNUipp-FSU
Maison des syndicats
474, allée Henri II de Montmorency
34000 MONTPELLIER

mercredi 6 mai 2009

Mai 2008: un an après, la réforme impossible? par Claude Lelièvre


Il est de bon ton actuellement d’entonner l’hymne de “l’Education nationale irréformable’’, un air majeur dans l’Opéra Bouffe de Nicolas Sarkozy tentant d’apparaître comme le maître du ‘’mouvement’’ et d’enfermer ses opposants dans le camp des “conservateurs’’.

10 mai 2008. " Le Figaro " : " Je ne serai pas le ixième ministre à céder ! Je serai le premier ministre à tenir le bon cap de la réforme ! " s’enflamme Xavier Darcos. Et de poursuivre, bravache, après avoir noté que " la France est le seul pays du monde où les lycéens défilent dans la rue tous les quinze mois " : " une fois les banderoles, les rimes en ‘’os’’ du style ‘’Darcos aux Galapagos’’ ou ‘’Darcos, tu l’auras dans l’os’’ rangées, que restera-t-il ?Une bouffonnerie ! Ils peuvent défiler, mais tout cela ne sert à rien ".

Cinq jours plus tard, Florian Lecoutre, président de l’Union nationale lycéenne ( une organisation très partie prenante dans les manifestations lycéennes ) signait dans " Le Monde " du 15 mai 2008 une tribune libre qui pointait " les raisons de la colère : les suppressions aveugles de postes d’enseignants qui tournent le dos à une véritable ambition éducative ".

Mais le plus significatif ( et le plus important pour la suite, on le verra ) est que le président de l’UNL tenait à affirmer que " les lycéens ne sont pas conservateurs ; au contraire, ils exigent des réformes ". Et il précisait même les propositions portées par son organisation : " le renforcement du lien entre le secondaire et le supérieur ; un vrai service public d’orientation capable de dispenser une information gratuite et de qualité à tous les élèves ; le lycée polyvalent qui mêle les filières professionnelles, technologiques et générales dans un même établissement, favorisant les passerelles ; une pédagogie interdisciplinaire ; une service public d’aide scolaire qui permette aux familles d’éviter le recours au privé pour assurer les missions de l’école ; une refonte des rythmes scolaires et des programmes, une nouvelle architecture de l’évaluation et de l’examen du bac ".

Un an a passé. Xavier Darcos a annoncé dès le 15 décembre 2008 le report à un an de la réforme du lycée en déclarant qu’il fallait la " reprendre à zéro " ( alors que, la veille encore, il détaillait dans " Le Journal du dimanche " la réforme de la classe de seconde prévue pour la rentrée 2009 ; et qu’il avait affirmé quelques jours plus tôt avec superbe qu’il ne serait pas – lui - comme tant d’autres, " le ministre de l’hésitation nationale " ).

Puis, le 12 janvier 2009, dans ses ‘’vœux aux personnels de l’Education nationale’’, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il confiait à Richard Descoings ( le directeur de l’Institut d’études politiques de Paris ) une mission " d’analyse, de compréhension, d’écoute et de proposition " sur la réforme du lycée.

Parallèlement, on a assisté à une série de proclamations en forme de reculade quant à la question de la suppression de postes en lycée. Le 24 avril 2008, dans une prestation télévisée remarquée, Nicolas Sarkozy avait bien affirmé que ce ne sont pas les réductions de postes qui obligeraient à réformer, mais " les réformes qui permettront les réductions de postes ". Cependant, à la rentrée scolaire 2009, Xavier Darcos déclare que " puisque l’on va commencer une réforme du lycée, [ sa ] volonté est que les non-renouvellements de poste touchent le moins possible en 2009 l’offre éducative du lycée ". Puis, le 12 janvier 2009, Nicolas Sarkozy prend l’engagement ( aussi ‘’solennel’’ que nouveau ) qu’aucune suppression de postes, dans les lycées, ne découlera de la réforme à venir… Et il est précisé que " le taux d’encadrement des élèves par les professeurs sera exactement identique à ce qu’il était auparavant ".

Mais, dans le même temps, un air également nouveau se fait entendre où il s’agit de stigmatiser ceux qui refusent ‘’les’’ réformes en les présentant comme les champions de ‘’l’immobilisme’’ et du ‘’conservatisme’’. ‘’Les’’ syndicats et ‘’la’’ gauche, en s’en prenant aux réformes ( gouvernementales ), seraient ipso facto des adeptes de ‘’l’immobilisme’’ et du camp du ‘’conservatisme’’.

Nicolas Sarkozy n’hésite pas à traiter ce sujet à l’étranger, comme lors de sa conférence de presse en Espagne du 28 avril dernier : " La question ne se joue pas sur un clivage gauche-droite ; la question se joue sur un autre clivage, les immobiles et les conservateurs d’un côté, le mouvement et le changement de l’autre ". C’est ainsi qu’il entend " faire bouger les lignes " ( et les repères ).

Dans cette partition, les réformes tentées dans l’Education nationale jouent un rôle particulier, non seulement parce qu’elle est considérée par la droite comme un fief de gauche, mais aussi parce que le thème de l’Education nationale ‘’irréformable’’ est récurrent depuis de nombreuses années.

Il y a déjà quinze ans, dans " Le Monde " du 5 février 1994, François Bayrou dénonçait le " danger " d’un morcellement possible du système éducatif s’il s’avérait non réformable : " Le véritable danger est dans l’idée que l’Education nationale serait irréformable. Si cette idée-là finit par l’emporter, alors un jour, quelqu’un, à gauche ou à droite, décidera de morceler l’institution pour la rendre plus adaptable, plus souple, plus transformable ".

Comme pour lui donner raison, Claude Allègre ( très ulcéré en raison de sa réforme manquée du lycée ) déclare dans " Le Nouvel Observateur " du 6 avril 2000, quelques jours à peine après son éviction du ministère de l’Education nationale : " Toute réforme de l’Education nationale passe par une décentralisation et une implication plus grande des usagers et des élus : il faut confier les écoles aux communes, les collèges aux départements, les lycées aux régions. Personnels compris ".

Surtout, on ne devrait pas oublier qu’un certain Nicolas Sarkozy, quelques mois plus tard ( le 2 décembre 2000 ) est allé jusqu’à proposer un référendum ( signe de l’importance qu’il accorde à cette option ) dont la question serait : " Etes-vous pour ou contre la régionalisation de l’Education nationale ? " ( étant entendu que l’Etat continuerait de garantir l’habilitation des diplômes et la formation des professeurs ).

On l’a vu, et il est temps d’en mesurer l’importance : alors même que l’Union nationale lycéenne et les manifestation lycéennes ont joué un rôle majeur dans la " reprise à zéro " de la réforme du lycée et dans les reculades sur la question des suppressions de postes, l’UNL s’est affirmée résolument non-conservatrice et partie prenante résolue pour contribuer à une réforme du système éducatif, surtout au niveau du lycée ( qui est central dans le dispositif d’enseignement français ).

On ne s’étonnera donc pas qu’elle a contresigné dès la mi-janvier 2009 ( avec de nombreuses autres organisations éducatives et une partie des syndicats de professeurs ) un texte unitaire présentant les axes majeurs d’une réforme possible ( cf mon billet du 16 janvier 2009 ).

Richard Descoings, après quatre mois de consultations ( dont trois jours par semaine dans les lycées ) se dit désormais prêt à présenter ses recommandations sur le lycée pour la fin mai. Au ministère de l’Education nationale, on parle d’octobre pour le rapport final. Ce qui fait réagir le directeur de Sciences–Po : " Cela n’aurait aucun sens, sauf à remettre le gouvernement dans la même précipitation que l’an dernier ". Pour certains, ne serait-il pas en effet urgent d’attendre, quitte ensuite à se ‘’précipiter’’ ? Alors réforme ou pas réforme ? Et laquelle ? Souhaitée et portée effectivement par qui ?

jeudi 30 avril 2009

Rendez-vous du 1er mai...

Montpellier :
10h Peyrou



Béziers :
10h Bourse du travail



Sète :
9h30, Mairie de Sète


Agde :
10h, Place du 18 juin 40


Bédarieux :
10h, Bourse du Travail

Montagnac:
9H00, petit déjeuner militant, pétitions, tracts.... sur le marché.

11h00, rassemblement sur l'Esplanade,

prise de parole des syndicats.


Pézénas :
10H00, rassemblement et manifestation
10 place de la république (statue Marianne en bas du Cours J.Jaurès).
Manifestation importante suite à la menace de fermeture des abattoirs municipaux (derniers abattoirs du département).