samedi 30 mai 2009

évaluations CE1 à Saint Pargoire,rectificatif et résumé...


Nous avons toujours été attentifs à vérifier et recouper les informations auxquelles nous nous référions mais pressés par le temps par la journaliste qui nous laissait très peu de temps (elle devait partir) nous avons mis la signature de nos réunions d'informations du début de l'année.
Il nous faut préciser que l'action de blocage n'a été décidée et assumée uniquement par les parents d'élèves de l'école élémentaire et de l'école maternelle du Collectif de Parents de Saint Pargoire sans la participation des enseignants.

En résumé nous avons réussi à bloquer deux jours et demi.
Pendant une demie journée, 8 élèves (parce que tous les parents n'ont pas pu être joints à temps pour reprendre leurs enfants) ont passé ces nouveaux types d'évaluation et le lendemain, vendredi, seuls 3 élèves sur 27 ont achevé ces évaluations.

Précisons que la pression a été très forte compte tenu de la taille de l'école. L'inspecteur de circonscription, Monsieur Evrard, et une dame qui ne s'est pas présentée (elle a fini par donner sa fonction de "conseillère pédagogique") et qui était déjà intervenue à l'école de Campagnan dans les mêmes circonstances, nous ont été dépêchés pour tenter de nous décourager.

Le discours de cette dame était pour le moins étrange : "en refusant ces méthodes d'évaluation des enfants..." selon ses termes, "...nous permettions à des audits externes de faire ces évaluations plutôt que de les laisser faire en interne".

Défendre l'école de la République serait favoriser sa privatisation ! Cette dame doit plutôt être conseillère en idéologie libérale...

Le Collectif de parents de Saint Pargoire

vendredi 29 mai 2009

évaluations CE1 à Saint Pargoire, suite...


Avis aux parents et enseignants,

Nous avons mené une action de blocage des évaluations de CE1.

Rappel concernant le fond :


Ces évaluations basées sur un système binaire (juste ou faux) passées par les élèves de CM2 et maintenant de CE1 (pendant la semaine du 25 au 29 mai 2009) ont une méthode et un but entièrement différents des évaluations « classiques ».
Elles ne détectent ni les forces ni les faiblesses des élèves et ne peuvent donc remédier à ces dernières.
D’après notamment un enseignant spécialisé dans les évaluations de ce niveau, les questions ne correspondent pas, pour beaucoup d’entre elles, au niveau des CE1. Ils doivent répondre dans un temps déterminé très court, et lorsque plusieurs questions constituent un item, une seule faute suffit à rendre tout l’item nul.
Il faut savoir que ces évaluations figureront et seront même, l'élément déterminant du livret national de l'élève et le suivront toute sa scolarité. Le but est de mettre en concurrence à la fois les élèves, les enseignants et les écoles. Le budget sera alloué aux écoles en fonction des résultats ; les enseignants se verront octroyer des primes puis leur rémunération se fera au mérite ; les « mauvais » élèves seront évincés de certains établissements.

Soyons attentifs ! Il est prévu de regrouper les petites écoles en E.P.E.P. (établissement primaire d'enseignement public) d'environ 15 classes et surtout, la direction de l'école sera confiée non plus à un enseignant assumant la fonction de directeur mais à un gestionnaire, n'ayant donc qu'un objectif de rentabilité.
L'enseignement sera ouvertement et uniquement inféodé à l'économie.
Il est également prévu de réduire petit à petit les maternelles en supprimant d'abord la toute petite section , puis la petite et enfin la moyenne section pour ne conserver que la grande section qui dépendrait de l'école élémentaire.

On supprime petit à petit les RASED (réseaux d'aide aux enfants en difficultés) tout en plaçant, par l'allongement des journées, la suppression du samedi matin et l'alourdissement du programme, certains enfants en difficulté qui ne l'auraient pas été avant.
Cela participe à une grande opération de "tri sélectif", au repérage dès la maternelle de nos enfants comme si leur histoire était déjà écrite. Un fichier des retards scolaires et des troubles du comportement est prévu.

Pour toutes ces raisons, il a été décidé le blocage de ces évaluations,
sans empêcher pour autant les enfants d'avoir cours.


Nous sommes des parents et des citoyens responsables, non démissionnaires et estimons qu'il est de notre devoir de défendre l'école de la République dont les fondements sont attaqués par toutes ces nouvelles mesures.


Notre action au jour le jour :

Nous avons opté pour un mode d'action collectif qui ne pénalise pas les parents qui travaillent. Depuis lundi matin nous avons constitué une représentation tournante des parents afin d'empêcher que ces évaluations aient lieu.

Lundi, l'inspecteur de circonscription, Monsieur Evrard, est venu nous sommer de quitter les lieux et a appelé la gendarmerie bien que Madame le Maire et deux de ses adjoints venus s'entretenir avec nous, nous aient assuré n'avoir en rien demandé cette intervention. Il a une seconde fois demandé que la gendarmerie intervienne bien que la directrice leur ait répondu que nous ne perturbions pas le fonctionnement de l'école mis à part la surveillance des livrets d'évaluation.
Pour justifier une telle dépense d'énergie face à des parents paisibles, c'est qu'on ne veut absolument pas que l'ensemble des parents se rendent compte de l'enjeu qui est bien au-delà d'évaluations qui peuvent paraître bénignes.


Mardi matin, l'inspecteur était là avant l'ouverture de l'école pour empêcher les parents d'entrer. Mais certains sont parvenus à entrer quand même et d'autres se sont joints spontanément au fur et à mesure de la journée et les ont soutenus derrière la grille avec force discussions, café et jus de fruits parmi les bébés et poussettes venus en renfort.

A savoir que certains parents soutiennent le mouvement sans pouvoir être présents à cause de leur travail.


Jeudi matin, nous étions là, nombreux avec quelques bébés dans la bonne humeur et déterminés.
Cette fois-ci, sans venir vers nous, vers10h30, l'inspecteur est allé vers la classe des CE1, est reparti téléphoner et est revenu avec les fameux livrets verts vers 11h.

On a vu, par la fenêtre que les enfants l'avaient devant eux.
Monsieur Evrard restait dans la classe pour imposer et contrôler la passation de l'évaluation.
Nous nous sommes concertés et avons décidé de rentrer dans la classe pour récupérer nos enfants. Monsieur Evrard s'est tenu au chambranle de la porte et nous en a interdit l'accès en disant que ce lieu était privé.
Nous lui avons répondu que c'est encore l'école publique. Il nous a dit que nous n'avions pas le droit de récupérer nos enfants avant midi, même avec une décharge signée des parents. Suite à cela nous avons rappelé Madame le Maire, Agnès Constant, qui est venue dès qu'elle a pu se libérer avec le Premier adjoint, Monsieur Darmanin. Nous avons rempli les décharges et récupéré petit à petit des enfants.
Face à cela il a quitté la classe.
Nous l'avons informé que nous représentions une majorité de parents en accord avec notre action. Ces parents, une fois prévenus retireraient également leurs enfants.
A midi, une conseillère pédagogique qui n'a pas donné son nom, est venue épauler pour la seconde fois l'inspecteur de circonscription, nous disant qu'il fallait passer l'évaluation pour empêcher la main mise de l'éducation nationale par un audit externe et en disant que les enseignants avaient la consigne de majorer les résultats et qu'on n'avait pas à s'inquiéter. Nous lui avons répondu que nous voulons que tous les enfants aient les mêmes chances de réussite et que nous sommes opposés aux tricheries que suscitent ce type d'évaluation qui sont monnaie courante en Angleterre.

A 14h, Monsieur Evrard était à nouveau là pour faire passer l'évaluation à une classe dont les effectifs étaient passés de 27 à 8.
Au minimum, 2 élèves seront encore retirés demain, leurs parents en accord avec la mobilisation contre ce type d'évaluation étant indisponibles aujourd'hui.
Vendredi, il reviendra faire passer l'évaluation aux 6 élèves restants.

Le Collectif de parents de Saint Pargoire



base élève, suite...

Ce sont 158 plaintes qui ont été déposées hier, pour l'Hérault (134 plaintes à Montpellier, 24 à Béziers). Une autre salve est prévue courant juin.

A consulter, le dossier du Collectif national de résistance à Base Eleve, un clic ici

Me Gandini a déposé, hier matin au TGI, une plainte contre Base Élèves Les derniers détails administratifs se sont réglés sur le perron de la Cité judiciaire. Hier matin, parents, enseignants et une poignée de directeurs d'école ont finalisé le dépôt de plainte contre le fichier Base Élèves.


L'Hérault est ainsi le 12 e département à entrer dans la fronde contre « le fichage des élèves », comme le relève M e Jean-Jacques Gandini. L'avocat considère en effet que c'est une atteinte à l'article 226-16-17-20 du Code pénal réprimant « un fichage non conforme ».

sur midi libre.com, l'article de Yannick Povillon : la suite ici

et sur l'Hérault du jour, celui d'Axelle Chevalier-Périer (clic sur image pour agrandir)














mardi 26 mai 2009

Comité de soutien à Sébastien Rome...

Comité de soutien à Sébastien Rome et aux personnels « désobéissants » - Circonscription de Lodève


Nous soussignés les membres du comité de soutien à Sébastien Rome et aux enseignants dits désobéissants, déclarons que nous sommes indignés par la sanction infligée à M. Rome (16 jours de retrait de salaire pour désobéissance « en première instance », en l’occurrence, manquement aux obligations de service).


M. Rome a fait savoir publiquement ses préoccupations quant aux réformes en cours dans l’Education Nationale, avec 383 de ses collègues, dans une lettre du 17 décembre adressée à l'Inspecteur d'Académie de l’Hérault. Il se déclare notamment critique quant à la mise en œuvre de l’aide personnalisée, évoquée par le ministre pour faire croire au bien fondé de la suppression de nombreux postes de RASED.


Les sanctions infligées par l’Inspecteur d’Académie nous apparaissent iniques à plusieurs titres :

elles ne s’appliquent qu’à un nombre réduit de personnels jugés désobéissants », laissant de côté d’autres personnels « désobéissants », et témoignent ainsi d’un traitement tout à fait arbitraire des personnels. La fonction publique devrait être un exemple d’équité ; l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault donne un bien triste exemple du contraire.

le retrait d’une journée de salaire pour 30 minutes de service non fait, sans qu’ait été faite la vérification jour par jour dudit service nous apparaît disproportionnée voire illégale. Elle vise à intimider les enseignants en les asphyxiant financièrement.

Ces sanctions sont une réponse brutale qui montre la crispation de la hiérarchie sur des réformes dont la finalité est uniquement la réduction des coûts de fonctionnement de l’Education Nationale au détriment des enfants les moins favorisés. Nous plaidons au contraire pour une large concertation afin que soient enfin entendues les propositions des acteurs du terrain.

En conséquence, nous nous déclarons pleinement solidaires avec M. Rome et demandons solennellement à l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault de reconsidérer sa position afin de pouvoir construire, ensemble, une meilleure école publique pour demain.

Dans l’attente de cette inflexion, nous sommes favorables au soutien financier des personnels sanctionnés. Des chèques libellés à l’ordre du SNUipp et mentionnant au dos "solidarité désobéisseurs" peuvent être envoyés à l’adresse suivante :

SNUipp-FSUMaison des syndicats
474, allée Henri II de Montmorency
34000 MONTPELLIER

lundi 25 mai 2009

Dépot de plaintes ...


Les premiers dépôts de plaintes contre le logiciel centralisé de fichage des enfants (BE1d) auront donc lieu ce mercredi 27 mai.

Au TGI de Montpellier (nouveau tribunal, sous le Peyrou) : 11H00, en présence de Jean-Jacques Gandini, avocat du Collectif.

Au TGI de Béziers (Place de la Révolution, à côté de la cathédrale) à 9H30.

La présence du plus grand nombre de parents plaignants est souhaitable, et le soutien de toutes et tous est attendu.
Venez nombreux !

Un nouveau dépôt devrait être programmé pour la fin du mois de juin, afin de laisser encore un temps d'information.

Toutes les informations, et les modèles pour porter plainte sur le site du Collectif
Héraultais de Résistance à Base Elèves. (clic sur le nom)

Sur le site,vous trouverez aussi les dernières nouvelles concernant les dépôts de plaintes,
en particulier concernant l'ouverture d'enquêtes suite aux dépôts de Marseille et de l'Aveyron.

Certains parents ayant déposé plainte, ont été entendus par la gendarmerie.

Vous trouverez également les questions susceptibles d'être posées (nouvelle du 8 mai), le témoignage d'une maman de l'Aveyron (nouvelle du 15 mai) et
une nouvelle concernant le passage de la France devant le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU (nouvelle du 18 mai).

Communiqué du collectif de Saint Pargoire...


Le Collectif de Saint Pargoire s'est réuni mardi 19 mai et les parents présents ont décidé de bloquer les évaluations de CE1 qui doivent avoir lieu la semaine du 25 au 29 mai car les raisons de fond restent les mêmes que pour celles de CM2 à savoir :



Cette évaluation n'est pas un outil demandé par le corps enseignant, d'ailleurs les informations ne lui sont pas prioritairement destinées. La notation binaire et le traitement informatique à un niveau national ne servent pas à comprendre le niveau réel de nos enfants dans le but d'améliorer l'enseignement qui leur est dispensé.
On ne fait plus confiance aux enseignants qui connaissent nos enfants et peuvent percevoir le processus d'acquisition, ils deviennent de simples exécutants déqualifiés (cf l'inauguration cette semaine par X.Darcos d'une école sans livres où les élèves travailleront sur un support informatique).
Ce système de notation donne une impression fausse du niveau des enfants car si l'on n'a pas tout bon, c'est raté (!), pratiquement pas de nuances, pas de niveaux moyens.
Le but de la sélection vise donc la mise en concurrence des élèves, des enseignants et des établissements entre eux.
L'importance démesurée donnée à cet exercice contestable suivra l'élève dans le livret national unique.
Cela va dans le sens de l'accroissement de données fichées sur nos enfants puisqu'on a déjà le fichier base-élève dont les données sont basculées dans le fichier Base Nationale Identifiant Elève (BNIE) jusqu'à 35 ans et qu'un fichier des retards est en voie de constitution semble-t-il et toujours dans le même projet de société : la détection précoce en maternelle ou avant "des enfants susceptibles de devenir des délinquants", de même que seront notés les élèves ayant des problèmes "psy" et /ou des problèmes nécessitant un soutien scolaire.
Parents des autres écoles que ferez-vous, car il s'agit de l'avenir de nos enfants ?

vendredi 22 mai 2009

Evaluations CE1...

A propos de ces évaluations CE 1 , vous pouvez lire ces compléments d'informations :

Sur le Café Pédagogique : Et si on évaluait l'évaluation ... ?

Analyse des séquences de français
Analyse des séquences de math
Commentaires
appels au boycott

Positions syndicales
A retenir la proposition de consigne unitaire :
  • Ne rendre compte que des seuls résultats des évaluations aux élèves et aux parents de la classe concernée ;
  • Ne pas utiliser le logiciel ministériel de transmission et ne transmettre que les résultats anonymés (élèves et école) en utilisant le logiciel proposé par les syndicats.

samedi 16 mai 2009

L'Education nationale embauche...

...des précaires pour faire la classe. Master enseignement non obligatoire, bien entendu...

J'ai la nausée.

Comment les parents pourront-ils accepter cela à l'heure où il y a une "inflation" dans l'investissement scolaire ? A l'heure où, plus que jamais, nous avons besoin de réponses ciblées pour faire face à la difficulté scolaire, comment accepter cela ?

Quelle est la considération pour ce métier quand on réduit la "tâche" aux heures de classes ? (Dans l'offre de Nîmes seules les heures de présence en classe sont payées, pas de préparation, de correction, de concertation en équipe ou avec les professionnels...) Quand on ne demande aucune expérience ? Quand on complète le temps partiel d'une collègue enseignante ?

J'ai la nausée.

vendredi 8 mai 2009

Xavier Darcos aux côtés des désobéissants

Vrai info "off" de Ouest France ou boutade du 1er avril le 6 mai ? Brocardant le mouvement du supérieur, Xavier Darcos aurait pris la défense des enseignants du 1er degré. Vrai ou pas, c'est au moins une bonne occasion de rire, lisez plutôt.

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mercredi 06 mai 2009

Xavier Darcos furieux contre certains universitaires

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"Des fous qui cherchent des alliés". C'est ainsi que Xavier Darcos qualifient certains universitaires en grève depuis des semaines pour des revendications "auxquelles je ne comprends rien", ajoute le ministre. "Je ne sais même pas ce qu'ils veulent. Ces gens-là creusent leur tombe. A la Sorbonne, les inscriptions sont en chute de 20%. On leur offre l'autonomie; on les couvre de milliards... Pour une minorité, c'est une vraie névrose autodestructrice. Je serais prof du premier degré, je serais sans doute parmi les mecs qui gueulent. Mais, dans le supérieur, plus je plonge dans le dossier, moins j'arrive à comprendre."

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Avec un peu de chance, il enverra un chèque La caisse de solidarité départementale pour les désobéisseurs sanctionnés financièrement :
Vous pouvez envoyer vos chèques libéllés à l’ordre du SNUipp en mentionnant au dos "solidarité désobéisseurs" à l’adresse suivante :
SNUipp-FSU
Maison des syndicats
474, allée Henri II de Montmorency
34000 MONTPELLIER

mercredi 6 mai 2009

Mai 2008: un an après, la réforme impossible? par Claude Lelièvre


Il est de bon ton actuellement d’entonner l’hymne de “l’Education nationale irréformable’’, un air majeur dans l’Opéra Bouffe de Nicolas Sarkozy tentant d’apparaître comme le maître du ‘’mouvement’’ et d’enfermer ses opposants dans le camp des “conservateurs’’.

10 mai 2008. " Le Figaro " : " Je ne serai pas le ixième ministre à céder ! Je serai le premier ministre à tenir le bon cap de la réforme ! " s’enflamme Xavier Darcos. Et de poursuivre, bravache, après avoir noté que " la France est le seul pays du monde où les lycéens défilent dans la rue tous les quinze mois " : " une fois les banderoles, les rimes en ‘’os’’ du style ‘’Darcos aux Galapagos’’ ou ‘’Darcos, tu l’auras dans l’os’’ rangées, que restera-t-il ?Une bouffonnerie ! Ils peuvent défiler, mais tout cela ne sert à rien ".

Cinq jours plus tard, Florian Lecoutre, président de l’Union nationale lycéenne ( une organisation très partie prenante dans les manifestations lycéennes ) signait dans " Le Monde " du 15 mai 2008 une tribune libre qui pointait " les raisons de la colère : les suppressions aveugles de postes d’enseignants qui tournent le dos à une véritable ambition éducative ".

Mais le plus significatif ( et le plus important pour la suite, on le verra ) est que le président de l’UNL tenait à affirmer que " les lycéens ne sont pas conservateurs ; au contraire, ils exigent des réformes ". Et il précisait même les propositions portées par son organisation : " le renforcement du lien entre le secondaire et le supérieur ; un vrai service public d’orientation capable de dispenser une information gratuite et de qualité à tous les élèves ; le lycée polyvalent qui mêle les filières professionnelles, technologiques et générales dans un même établissement, favorisant les passerelles ; une pédagogie interdisciplinaire ; une service public d’aide scolaire qui permette aux familles d’éviter le recours au privé pour assurer les missions de l’école ; une refonte des rythmes scolaires et des programmes, une nouvelle architecture de l’évaluation et de l’examen du bac ".

Un an a passé. Xavier Darcos a annoncé dès le 15 décembre 2008 le report à un an de la réforme du lycée en déclarant qu’il fallait la " reprendre à zéro " ( alors que, la veille encore, il détaillait dans " Le Journal du dimanche " la réforme de la classe de seconde prévue pour la rentrée 2009 ; et qu’il avait affirmé quelques jours plus tôt avec superbe qu’il ne serait pas – lui - comme tant d’autres, " le ministre de l’hésitation nationale " ).

Puis, le 12 janvier 2009, dans ses ‘’vœux aux personnels de l’Education nationale’’, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il confiait à Richard Descoings ( le directeur de l’Institut d’études politiques de Paris ) une mission " d’analyse, de compréhension, d’écoute et de proposition " sur la réforme du lycée.

Parallèlement, on a assisté à une série de proclamations en forme de reculade quant à la question de la suppression de postes en lycée. Le 24 avril 2008, dans une prestation télévisée remarquée, Nicolas Sarkozy avait bien affirmé que ce ne sont pas les réductions de postes qui obligeraient à réformer, mais " les réformes qui permettront les réductions de postes ". Cependant, à la rentrée scolaire 2009, Xavier Darcos déclare que " puisque l’on va commencer une réforme du lycée, [ sa ] volonté est que les non-renouvellements de poste touchent le moins possible en 2009 l’offre éducative du lycée ". Puis, le 12 janvier 2009, Nicolas Sarkozy prend l’engagement ( aussi ‘’solennel’’ que nouveau ) qu’aucune suppression de postes, dans les lycées, ne découlera de la réforme à venir… Et il est précisé que " le taux d’encadrement des élèves par les professeurs sera exactement identique à ce qu’il était auparavant ".

Mais, dans le même temps, un air également nouveau se fait entendre où il s’agit de stigmatiser ceux qui refusent ‘’les’’ réformes en les présentant comme les champions de ‘’l’immobilisme’’ et du ‘’conservatisme’’. ‘’Les’’ syndicats et ‘’la’’ gauche, en s’en prenant aux réformes ( gouvernementales ), seraient ipso facto des adeptes de ‘’l’immobilisme’’ et du camp du ‘’conservatisme’’.

Nicolas Sarkozy n’hésite pas à traiter ce sujet à l’étranger, comme lors de sa conférence de presse en Espagne du 28 avril dernier : " La question ne se joue pas sur un clivage gauche-droite ; la question se joue sur un autre clivage, les immobiles et les conservateurs d’un côté, le mouvement et le changement de l’autre ". C’est ainsi qu’il entend " faire bouger les lignes " ( et les repères ).

Dans cette partition, les réformes tentées dans l’Education nationale jouent un rôle particulier, non seulement parce qu’elle est considérée par la droite comme un fief de gauche, mais aussi parce que le thème de l’Education nationale ‘’irréformable’’ est récurrent depuis de nombreuses années.

Il y a déjà quinze ans, dans " Le Monde " du 5 février 1994, François Bayrou dénonçait le " danger " d’un morcellement possible du système éducatif s’il s’avérait non réformable : " Le véritable danger est dans l’idée que l’Education nationale serait irréformable. Si cette idée-là finit par l’emporter, alors un jour, quelqu’un, à gauche ou à droite, décidera de morceler l’institution pour la rendre plus adaptable, plus souple, plus transformable ".

Comme pour lui donner raison, Claude Allègre ( très ulcéré en raison de sa réforme manquée du lycée ) déclare dans " Le Nouvel Observateur " du 6 avril 2000, quelques jours à peine après son éviction du ministère de l’Education nationale : " Toute réforme de l’Education nationale passe par une décentralisation et une implication plus grande des usagers et des élus : il faut confier les écoles aux communes, les collèges aux départements, les lycées aux régions. Personnels compris ".

Surtout, on ne devrait pas oublier qu’un certain Nicolas Sarkozy, quelques mois plus tard ( le 2 décembre 2000 ) est allé jusqu’à proposer un référendum ( signe de l’importance qu’il accorde à cette option ) dont la question serait : " Etes-vous pour ou contre la régionalisation de l’Education nationale ? " ( étant entendu que l’Etat continuerait de garantir l’habilitation des diplômes et la formation des professeurs ).

On l’a vu, et il est temps d’en mesurer l’importance : alors même que l’Union nationale lycéenne et les manifestation lycéennes ont joué un rôle majeur dans la " reprise à zéro " de la réforme du lycée et dans les reculades sur la question des suppressions de postes, l’UNL s’est affirmée résolument non-conservatrice et partie prenante résolue pour contribuer à une réforme du système éducatif, surtout au niveau du lycée ( qui est central dans le dispositif d’enseignement français ).

On ne s’étonnera donc pas qu’elle a contresigné dès la mi-janvier 2009 ( avec de nombreuses autres organisations éducatives et une partie des syndicats de professeurs ) un texte unitaire présentant les axes majeurs d’une réforme possible ( cf mon billet du 16 janvier 2009 ).

Richard Descoings, après quatre mois de consultations ( dont trois jours par semaine dans les lycées ) se dit désormais prêt à présenter ses recommandations sur le lycée pour la fin mai. Au ministère de l’Education nationale, on parle d’octobre pour le rapport final. Ce qui fait réagir le directeur de Sciences–Po : " Cela n’aurait aucun sens, sauf à remettre le gouvernement dans la même précipitation que l’an dernier ". Pour certains, ne serait-il pas en effet urgent d’attendre, quitte ensuite à se ‘’précipiter’’ ? Alors réforme ou pas réforme ? Et laquelle ? Souhaitée et portée effectivement par qui ?