dimanche 3 janvier 2010

EVALUATIONS : TOUJOURS SANS NOUS !

APPEL DES 200 MAÎTRES CONTRE LES EVALUATIONS NATIONALES

Au cours de l'année scolaire 2009, les évaluations nationales destinées aux élèves de CM2 et de CE1 - et voulues par le Ministre Xavier Darcos - sont arrivées dans les écoles comme s'il s'agissait des sujets du baccalauréat (documents secrets fournis la veille pour le lendemain). Rarement un dispositif aura provoqué autant de réactions négatives, chez les enseignants du premier degré comme chez les parents d'élèves, et pour cause. Il s'agissait en milieu d'année scolaire d'évaluer une année entière, qui plus est sur des nouveaux programmes récemment imposés. Plusieurs épreuves étaient inadaptées (niveau de difficulté, temps accordé). De plus le mode de correction qui n'admettait que 1 ou 0 pour évaluer rendait impossible l'analyse des raisons de l'échec d'un élève. Enfin, le risque d'une communication publique des résultats, et donc d'une mise en concurrence des écoles, était entier.

Malgré les protestations massives et argumentées des professionnels de l'Education et la non communication de 30 % des résultats de CM2, toutes les écoles de France retrouveront en janvier (CM2) et mai (CE1) prochains ces évaluations, dans l'état pédagogiquement irresponsable où elles étaient apparues, avec les mêmes aberrations, la même nuisance et les mêmes risques.

Par ailleurs, la passation des épreuves était récompensée par l'attribution d'une prime de 400 €, dont la répartition va à l'encontre du principe républicain d'égalité, générant ici ou là tensions et conflits (partage entre collègues sur un même poste, problème des remplaçants, enseignants ayant changé d'école). Tout cela s'appliquant à géométrie variable : ainsi quand certaines académies distribuent facilement la prime, d'autres ne le font qu'après total respect de la procédure. De même, au prétexte "d"un service de fonctionnaire non fait", des collègues ont perdu, en plus de la prime, une journée de salaire.

C'est donc avec un mépris affiché et infantilisant que l'administration va à nouveau réclamer la passation de ces évaluations à des enseignants qui ne seraient pourtant pas opposés à de véritables outils au service des élèves et de leurs apprentissages.

Voilà pourquoi nous invitons les maîtres et maîtresses pour lesquels le ministère réduit le service à l'obéissance et à la gestion de la pénurie (suppressions massives d'emplois, semaine de 4 jours, nouveaux programmes, aide personnalisée, fichier informatique base-élèves, fin programmée des RASED et des IUFM), ainsi que les parents d'élèves, à s'opposer à ces évaluations selon les modalités de leur choix : boycott (un élève absent invalide les évaluations), simple passation des compétences déjà travaillées, notation plus intelligente, autre usage des documents... Dans tous les cas, nous demandons à nos collègues de ne transmettre aucun résultat à l'administration ou à le faire sous des formes qu'elle ne pourrait pas exploiter. Nous invitons les conseils des maîtres à soutenir publiquement ceux d'entre eux qui, au CM2 comme au CE1, seraient conduits à agir ainsi dans l'intérêt des élèves, premières victimes de cette ineptie.

Enfin, nous appelons tous ceux – enseignants, parents, syndicats, mouvements pédagogiques, associations de l'éducation populaire, fédérations de parents d'élèves - qui se reconnaîtraient dans la justesse de cette action à rejoindre cet appel et à le diffuser largement autour d'eux dans l'intérêt et le respect de nos élèves et des valeurs qui fondent l'école de la république.

Contact : Sylvain Grandserre 06 19 69 45 83


SIGNATAIRES DE L'APPEL CONTRE LES EVALUATIONS NATIONALES

ABEILLON André, Chazay d'Azergues, 69

AGARD Magali, Mallemort

ALIBERT Karine Millau 12

ALVAREZ Lucie, Fousseret

ARSOUZE Maïté, Montluçon

AUBERT Fabienne Trignac 44

AUFFRAIT Catherine, Nemours 77

AUJALEU Anne Nègrepelisse 82
BACHY Marguerite Aizenay 85
BARBE Corinne, Clarac, 31

BARBIER Jean-Pierre, maître spécialisé (G) Aubenas 07

BARON Christelle, Javrezac 16

BEAUNIS Claude 44

BELHASSEN Zowie

BENITO Virginie Saint-Etienne du Rouvray 76

BENOIT Annelyse, Montbrun-Bocage,31

BENURAUD Annie, La Salvetat Belmontet 82

BERARD Isabelle, Marseille 13

BERNARDINI Christian, Marseille 13

BERROUILLER Cécile, Marseille, 13

BERTHELOT Régis, Brains sur Longuenée (49)

BERTRAND Philippe, Queven 56

BIANCARELLI Anne-Marie, Sarrola-Carcopino (Corse)

BILLARD Sophie, St Ouen 93

BILLET Eric Verargues 34

BIVES Ninon, La Salvetat Belmontet 82

BLANCHARD Christophe Nueil les Aubiers 79

BLANCHARD Joël , Aizenay 85
BOREL de LARIVIERE Brigitte 23

BORGE Véronique 07

BORGES Hervé Lussas 07

BORGETTO Christian 31

BORSI Pascale, Lisieux 27

BOUCHON Marie-Anne, Ahuille 53
BOUCHON Guillaume,Pommerieux 53
BOURBAUD Stéphane, Toulouse, 31
BOURDET-AMPE Natacha, Marseille

BOYER- RESSES Eric, Hyères, 83

BRAND Dominique, Toulouse, 31
BRAULT Rémi 95

BRAUN Roland, Colmar 68

BROCHARD Myriam, Rochefort sur Loire 49
CAILLAU Astrid, Les Barthes 82

CAILLAUD Marie enseignante rased

CALECA Marie-Odile, Clermont-Ferrand (63)

CALVO Jean , Blois 41

CANAC Frédéric Toulouse 31

CANDAS Jacques, Port de Bouc, 13

CARIGNANO Noëlle, Marseille, 13

CAVERZAN Pascale, Albias 82

CAZALS Bastien, St Jean de Védas 34

CAZIN Evelyne, rééducatrices en Rased et PE, 71
CECCHI Pascale école élémentaire BOISSIERE Noisy le SEC 93
CHABRUN Catherine, Juvisy-sur-Orge, 91

CHALVESCHE Cécile, Martigues, 13

CHARLES Eric, Champigny 94

CHATELLIER Marc Nantes 44

CHAUDAT Denis, Nègrepelisse 82

CHERPENTIER Philippe, Paulhan 34

CHEZE Cécile, Sainte Marie 974

CLAUX Mathilde, Marseille,13

COHUAU Quentin, Marseille, 13

COLAS Michel st lambert du lattay 49

COLLETT I Monique, Gardanne, 13

COL SEGAERT Monique Corbeil 91

COMBE Bruno, Décines, 69

COMBES Diane, Eguilles, 13

CORJON Jérôme, Châtillon-sur-Loire

CORNIC Armel Marseille 13

COURBIERE Anne, Villeurbanne, 69

CURALLUCCI DE PERETTI Jeanne, St Girons 09
D'AUZERS Caroline Lyon

DECKER Véronique, Bobigny 93
DEDIEU Isabelle, Gardanne 13

DELAHAYE Dominique Le Havre 76

DELFORGE Philippe, 76

DELPECHE Barbara, St Antonin Noble Val 82

DESBARBIEUX GANDON Françoise, Aubenas 07

DEVESA Pierre, Ain 01

DORLEANS Corine PEMF Aube

DOURNIER Agnès, Aubenas 07

DRUOT Véronique, Pujaudran 32
DUBUC Isabelle, enseignante spécialisée option D à Illkirch (Bas-Rhin)

DUCKIT Michel, Montagne 38

DUFLOT Marie-France Ecole Pajol 18eme Paris

DUMAS Sylvain PE St Andeol le Chateau

DUPEYRON Marie, La Prairie Toulouse 31
DUPIN-BOSSELLI Sandrine, Soyaux, 16

ESNAULT Jean-Pierre, Bonchamp les Laval 53
EXERTUER Laure, RASED 69

FAURE Audrey, Marseille, 13
FERON Claire, Montereau 77
FONTAINE Céline, Marseille, 13
FRUCHIER Isabelle, St Mathieu de Tréviers 34

GARNIER Myriam, rééducatrices en Rased et PE

GASCARD Marie - professeur des écoles/directrice, Toulouse, 31

GAUDET Laurence, PEMF Paris 20ème

GEFFARD Patrick, Enseignant spécialisé, 33

GENG Ortoli Reno, Nantes
GERRER Alexandrine, Villeneuve de la rivière 66

GESSAIN Sabine, Paris 18ème

GHADROUCHE Delphine, Grigny,

GILG Philippe, Bignoux (86)

GIRARD Chantal, Marseille, 13

GODRON Isabelle

GOYER Sébastien, Saint-Front,16

GOUBAULT Philippe, St Egrève, 38

GRANDSERRE Sylvain, Montérolier (76)

GREMONT Carole, Lisieux 14

GROUSSON Yoann, Villeurbanne, 69

GUINAUDEAU Myriam, enseignante spécialisée, Martigues, 13

GUYON Bérengère, Vals les Bains 07

HERMIER Sophie, Cazères, 31

HERNANDEZ Sylvain, Marseille, 13

HILLION Valérie, Pont Saint Martin 44

HUCHARD Isabelle, St Christol, 34

HUGOL Marie-Christine, Saint-Pierre les Nemours 77

HUITRIC Armelle L'Isle Jourdain 32

ISTA Sylvie Vaissac 82

JAN Frédéric, Marseille, 13

JANVIER Katell Cosse le Vivien 53
JEURE Martine, St Martin en Haut 69
KARIN Justin, Ollainville 91

KIEFFER Audrey, Alès 30

LABOURIN MC, RASED, 13

LACROIX Danielle, Mimet, 13

LACUVE Anne 82

LANOTTE Elisabeth, La Fare-les-Oliviers, 13

LARIEPE Dominique, rééducatrices en Rased et PE, 71

LA ROSA Pascale, Toulon, 83

LAURENT Christine, Mialet 30

LAVENIR Delphine, St Martin en Haut (Rhône)
LEBLAIS Anne-Marie - école Gustave Roch

LECOURTOIS Karelle, Havre 76
LEFORT Corine, Marseille, 13

LEENHARDT Hugues, Calas, 13

LEHMANN Gilles, Condat-sur-Vienne, 87

LEMENAHEZE François, Nantes 44

LERAY Annaig, Chalons du Maine 53

LEROY Isabelle, Pont de Buis les Quimerc'h (Finistère)

LESAINT David,Thorigné d'Anjou 49
LESCOUARCH Isabelle, Anceaumeville 76

LETERME Philippe – Enseignant/Directeur école Anatole De Monzie

LEVERRIER Marieke, Saint Aignan 56

LOCONTE Anne, Colomiers, 31

MALLEVAL Sandrine Lyon 69

MANGENOT Guillaume, Montauban 82

MARCOS Julie, Toulouse, 31

MARION Claire, rééducatrices en Rased et PE, 69

MARIOTTE Marie-France, enseignante spécialisée CMP, Marseille, 13

MARTIN Joëlle, Vienne 38

MAZER Viviane, Générargues 30

MELET Sylvie, St Sulpice sur Lèze 31

MENVIELLE Francette, Bagnères-de-Bigorre 65

MITELETTE Francine Marseille

MOUTON Sébastien, PEMF Nantes

MUZELLEC Agnès, Canteleu 76

NOEL Emmanuelle, Grenade, 31

OLLIVE Magali, Marseille, 13

ONDET Vanessa, Marseille, 13

ORRIOLS Nicole, Montesquieu Volvestre 31

OTT Laurent, Longjumeau 91

OURGHANLIAN Pascal directeur de SEGPA 95

OUVRARD Cat 44

PAPPOLA Patrick , Aubenas 07

PAYAN Jean-Marie Grand Quevilly 76

PECCOZ Carine, Volvestre 31

PERREL Guillaume, Caluire 69

PERREL Isabelle, Neuville s/ Saône 69

PERRET Fabien, école Didier DAURAT, Toulouse

PERRUCHON Frédéric, maître spécialisé Aubenas 07

PRALONG Sylvie, Montauban 82

PRELORENZO Pascal, Marseille, 13

PRIMOUT Claude, Saint-Maximin 83

QUAYRET Jean-Pierre, Toulouse, 31
RABIER Laurent Orléans

RANCILLAC Véronique, Maître E

RAVEL-URDICIAN Magali, Pont-du-Château (63)

REFALO Alain, Colomiers, 31

RENARD Clydie Le Havre 76

RIGALDO Gérard (46)

ROBERT Marie-Hélène Vezins de Levezou12

ROME Sébastien, directeur d'école, Lodève, 34

ROMEAS Mylène, Marseille

ROUFFIAC Marie, Toulouse, 31

ROUILLON Emmanuelle, rééducatrices en Rased et PE, 88

ROUSSEAU Mireille, Bobigny, 93

ROUZY Anne, PEMF, 13

SAPIN Jéremi MONTSÜRS 53

SARASIN Damien, Montpezat sous Bauzon

SARRADE Muriel Aubenas 07

SAUVAGE Denis Aubenas 07

SERRES Cédric, Montpellier 34

SEVER Philippe, maître et directeur

STAUFFERT Katia, Albias 82

SUBRA Guillaume,Toulouse, 31

SUQUET Christophe, Toulouse 31

TARAGNAT Evelyne, Lezoux 63

TERNY Anne-Marie, Valvignères Ardèche

TERREAU Jean-Bernard Blois 41

TESSEREAU, Hyères, 83
TESTON Annick Aubenas 07

THEVENIN Marie, RASED

THILLE Stéphane 65

TOIGO Bruno, Gaillac 81

TORO Patrick, St Girons, 09

TRINEL Martine

VARY Benoît enseignant spécialisé RASED Cognac (16)

VASSORT Françoise IPEM 75

VERGNE Audrey, Gironde

VERNEJOUL Florence 31

VEZIERS Lionel Condrieu

WALTER Jean-Paul, Bourg-Bruche, 67

WEINGARTNER Marion, Saint-Maximin, 83

WYSZYWANIUCKI Nicolas, Sarcelles, 95
ZANNETTACCI Sarah

Soutiens Universitaires :

BENASAYAG Miguel, philosophe, psychanalyste, pédopsychiatre

CALIN Daniel, Agrégé de philosophie, formateur d'enseignants spécialisés

CHARMEUX Eveline Professeur honoraire IUFM Chercheur INRP 82

FRACKOWIAK Pierre, Inspecteur Honoraire de l'Education Nationale

GERARDIN Clément, BIATOSS Université de Provence

GIORDAN André Professeur Université de Genève. Fondateur du Laboratoire de didactique et épistémologie des sciences (LDES)/ Président de la Section des Sciences de l'Education (1992-94).

GORI Roland - Professeur d'Université - initiateur de l'Appel des Appels

HEBERT-SUFFRIN Claire, initiatrice des réseaux d'échanges de savoirs docteur en psychosociologie

INIZAN André, docteur d'Etat, professeur émérite des universités

JEDWAB Jacques psychologue clinicien, Marseille

JELIN Marie-Laure, psychologue

JOOLE Patrick, Maître de Conférences Université de Cergy-Pontoise/IUFM Versailles

LAKOTA Anne-marie, ingénieur CNRS (FCPE, école des accoules Marseille)

MANESSE Danièle, professeur de sciences du langage Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle

MEIRIEU Philippe, Professeur des Université Lyon

MONTAGNER Hubert, Professeur des Universités en retraite, ancien directeur de recherche à l'INSERM, ancien directeur de de l'Unité "Enfance Inadaptée" de l'INSERM

MONTHUBERT Bernard, enseignant formateur retraité

MUCCHIELLI Laurent, sociologue, directeur de recherches au CNRS

OUZOULIAS André professeur de philosophie, formateur, IUFM de Versailles-UCP
PECOUT Thierry Membre de l'Institut universitaire de France Université Aix-Marseille I

PERRAUDEAU Michel maître de conférences, université de Nantes et IUFM.
ROMIAN Hélène chercheure à l'INRP retraitée
UGIDOS Amelina psychologue clinicienne

ZAPATA-REINERT Luz Maître de conférences Université de Brest

Soutiens Professionnels :

ALLAOUI Rachel prof de lycée

AMADEI Henri, enseignant retraité SNESup-FSU Emancipation

BERNARD Lisa Auxiliaire de vie

CAMAU Monique Pédagogue

CARTIER Jocelyne, enseignante retraitée

CHALOT Jean François - responsable éducation populaire

DELBASTY PAUL Enseignant retraité Lot et Garonne

DUBOIS Dominique, Taluyers 69

FRANCES Olivier, cadre chef de service éducatif ITEP

GRIVEL Jacqueline retraitée 74 Boege

HUET Caroline PLP Laval 53

LABORIER Agnès, Taluyers 69

LARÈS-WENDT Dany Psychologue Nogent-le-Rotrou 28400

LISADOR Ketty, Artiste Conteuse, la Réunion

MACIA Gérard, professeur de lycée

MASSON Anne, Orthophoniste, Marseille, 31

MIANE Magalie, éducatrice spécialisée, Marseille

PETER Martine, monitrice éducatrice, Pertuis

PILLEUL-MARY Patricia psychologue scolaire retraitée

QUENTIN Jacques Rééducateur de l'Education nationale retraité LIEVIN 62

ROUBY Michèle, Psychologue scolaire

SIRERE Sophie psychiatre hospitalier

SOUCHET Michèle Enseignante retraitée SNUipp-FSU, ICEM

VIGGIANO Corinne Professeur en LEP Marignane

Soutiens Organisations Nationales

ICEM-Pédagogie Freinet

EMANCIPATION tendance intersyndicale par VINAY Olivier

FOEVEN, (Fédération des Oeuvres Educatives et de Vacances de l'Education Nationale )


FCPE

Soutiens Organisations Locales

Collectif Parents Enseignants Ecoles Ouest Lyonnais Circonscriptions Irigny-Soucieu-Mornant et Grézieu la Varenne

Conseil de Parents d'Elèves FCPE de l'école élémentaire Leverrier (Marseille 13004)

Parents délégués école élémentaire eydoux, 13006 Marseille.

Conseil de Parents d'Elèves FCPE de l'école élémentaire Leverrier (Marseille 13004)

Le Conseil de parents d'élèves FCPE de l'école des Accoules à Marseille

Le Syndicat santé social éducation de la CNT 31

SGEN-CFDT Provence-Alpes

"L'école pour tous, Tous pour l'école !" (Collectif citoyen Sud-Gironde de défense de l'école)

Soutiens Parents D'Elèves :

DIVET Hélène Parent d'élève

DEROM Ingrid Citoyenne LAVAL 53

HAMADEDE Ariane

MATRAT Catherine Parent d'élèves 69

MURAILLON Julie parent

RIVOT Véronique Parent d'élève Toulouse

SERRE Frédéric Parent d'élève FCPE section locale de Vertaizon et Billom

VENET Sandra parent d'élève

jeudi 10 septembre 2009

Charte de la résistance pédagogique des enseignants du primaire



Pourquoi il est important de signer la Charte

Les « réformes » gouvernementales, loin d'aller dans le sens d'une école au service de tous les élèves, participent du démantèlement du service public d'éducation. Le 20ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, ratifiée par la France en 1990, doit nous inciter à tout mettre en œuvre pour défendre les valeurs qu’elle porte.

Le réseau des enseignants du primaire en résistance vous propose de signer cette charte :

- quel que soit l'objet de votre résistance (nouveaux programmes, aide personnalisée, évaluations nationales CE1/CM2, stages de remise à niveau, fichier Base-élèves…) ;

- quelles que soient les modalités choisies (boycott, contournement, aménagement, mise en place de projets alternatifs...) ;

- quel que soit le poste que vous occupez dans l’Education Nationale (enseignant, éducateur, enseignant spécialisé, psychologue scolaire, conseiller pédagogique…).

Que vous ayez déjà affiché votre résistance par une lettre personnelle ou collective à votre inspecteur l’an dernier, ou que vous ayez résisté de façon moins visible, nous vous invitons à signer cette charte.

Signer cette charte est un acte de résistance. Plus le nombre de signataires sera important, moins le ministère pourra ignorer la force de cette résistance collective.

Dès que votre signature sera confirmée, votre nom apparaîtra dans la liste des signataires, visible sur le site.

Les ministres successifs n’ont de cesse de dire que la grande majorité des enseignants applique les « réformes ». Tous ensemble, en signant la Charte, apportons la preuve du contraire.

Montrons notre attachement à un service public d'éducation de qualité pour tous.



Voir les signataires Signer la Charte


LA CHARTE

Les « réformes » structurelles et pédagogiques imposées par le ministère de l’Education Nationale ne permettent pas de construire une école équitable, humaine et respectueuse de tous les enfants. Elles conduisent à la déconstruction de l’école publique en vue de l’ouvrir au secteur marchand. Notre devoir est d'y résister.

En adhérant à la présente charte, je m’engage à agir dans le sens d’une éducation et d’un enseignement qui visent à :

1. respecter les droits de l'enfant tels que définis dans la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, notamment le droit à une éducation de qualité pour tous, le droit à l'épanouissement et au développement harmonieux de l'enfant.

2. favoriser l’autonomie et la responsabilité de l’enfant, être doué de raison et de conscience.

3. contribuer à la construction de sa pensée par une pédagogie privilégiant la coopération et le raisonnement, plutôt que la compétition et la simple répétition d'automatismes.

4. apprendre à s'exprimer, lire, écrire, compter aux élèves en les mettant en situation de réflexion et d'échanges.

5. assumer une autorité éducative, opposée à l'autoritarisme, fondée sur le respect de la liberté de conscience, le respect mutuel et la légitimité de règles élaborées ensemble.

6. réaliser des évaluations constructives qui permettent de mesurer réellement les progrès des élèves et de favoriser l'estime d'eux-mêmes.

7. créer les conditions de coopération au sein de la communauté éducative (Enseignants-RASED-Parents...) et au sein de la classe qui aident chaque enfant à entrer dans les processus d'apprentissage et à surmonter ses difficultés.

8. promouvoir une réflexion sur l'aménagement du temps de vie de l'enfant à l'école qui respecte ses rythmes chrono-biologiques.

En signant cette Charte, j’entre en résistance en n’appliquant pas tout ou partie des dispositifs contraires aux valeurs de respect, de coopération et de progrès. Je revendique, en conscience, par loyauté envers le service public d'éducation, et au nom de la liberté pédagogique inscrite dans la loi, la possibilité de mettre en place toute alternative pédagogique dans l’intérêt des enfants.

lundi 24 août 2009

L’École après la grippe porcine : Un bouleversement radical est en marche

Il peut sembler étrange de s’interroger sur l’impact sur l’École de la grippe A (H1N1, souvent appelée grippe porcine). Se pose-t-on la même question pour la grippe saisonnière qui touche en France près de 2 millions de personnes et provoque 2 000 décès ? S’interroge-t-on sur les conséquences des autres maladies sur l’École et son fonctionnement ? Pourquoi le faire plus particulièrement pour la grippe porcine ? Pourquoi un bouleversement du système éducatif serait-il en marche ? Lequel ?

En premier lieu, plusieurs facteurs légitiment d’évoquer la grippe A et ses conséquences sur le système éducatif.



* Cette maladie nouvelle, planétaire, médiatisée, se répand un peu plus chaque jour. Dans l’inconscient collectif elle renvoi aux tragiques épidémies des temps anciens. Je sais les craintes que de tels risques inspirent aux personnes, même de nos jours. Lorsque j’étais recteur en Auvergne, je fus confronté à quelques cas isolés de méningite sur un territoire de l’ordre du quart d’un département. À maintes reprises, les chercheurs expliquèrent au grand public, aux médias, aux élus, preuves à l’appui, qu’il ne s’agissait pas d’une épidémie : les cas ne provenaient pas d’un même virus. Rien n’y fit. Les explications, qui se voulaient rassurantes, ne firent qu’accroître les craintes des familles. Au point que le Préfet dû se résoudre à faire procéder dans l’urgence à la vaccination de 150 000 enfants et étudiants. L’impact d’une menace d’épidémie ressemble à un " effet papillon " : il est sans commune mesure avec la cause. La grippe A réunit les conditions pour que des effets de panique se produisent à et obligent les autorités sanitaires à prendre des mesures drastiques, sans précédent, sur de larges territoires et pour de longues périodes. Il est presque certain que cela se produira dans les mois qui viennent et, peut-être même, dès la prochaine rentrée scolaire. Certes, différents scenarii sont possibles : on voit des pays qui préfèrent ne diffuser aucun chiffre officiel et jouer sur la discrétion, alors que d’autres, comme l’Angleterre, s’inquiètent déjà de l’impact sur leur PIB, en craignant une baisse de 5 points de celui-ci.





* En France, face aux quelques cas de grippe A, les pouvoirs publics ont décidé une brève fermeture de deux ou trois collèges, d’une quarantaine d’écoles (sur les 56 000 que compte notre pays) et de quelques colonies de vacances. La grippe A émerge en des lieux variés qui se multiplieront. Cela conduira les responsables de la santé publique à prendre des mesures de fermeture d’écoles (qualifiées de " confinement ") sur des zones étendues : plusieurs établissements scolaires, toute une circonscription, tout un bassin, tout un département, peut-être plus large encore… Le confinement a un bel avenir devant lui !





* La fermeture d’une école ou d’un établissement secondaire pendant quelques jours s’est déjà produite dans le passé, pour des raisons diverses, notamment de santé publique. Cela arrivera encore. Les périodes de fermetures sont en général courtes ; les familles font face avec quelques modestes aides publiques. Lorsque ces fermetures sont longues (destruction d’un bâtiment par incendie, ou explosion, comme à Toulouse par exemple), les autorités arrêtent des mesures de substitution en s’appuyant sur les écoles et établissements les plus voisins qui fonctionnent. Or, demain, de vastes territoires seront concernés et il sera ni possible ni pertinent de déplacer quotidiennement un très grand nombre d’élèves. Le temps de propagation de la pandémie pouvant durer des semaines, voire des mois, le virus devenant de plus en plus actif, ce sont d’autres dispositifs alternatifs qui seront mis en place. On parle déjà, officiellement de 12 semaines au moins. Enfin, l’épidémie peut revenir plusieurs fois et sous des formes plus redoutables.





On discerne donc la nouveauté de ce phénomène, sans précédent dans l’histoire récente de l’Éducation nationale : tous les élèves d’un territoire " interdits d’école " pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, plus encore peut-être. Essayons d’imaginer ce qui se passera et ce que seront les conséquences ultérieures sur notre système éducatif : comme pour la crise financière, il faudra bien sortir de la grippe A !







Alertés depuis longtemps par les chercheurs et les responsables de la santé publique, les autorités de l’Éducation nationale ont anticipé l’avènement de ce phénomène et préparé une riposte pédagogique en complément des mesures sanitaires qui relèvent d’autres responsables. Plaçons-nous dans l’hypothèse où tout un territoire serait " confiné " pour un temps long et indéterminé. Soudainement, pour la première fois dans son histoire, le système éducatif sera entre les mains des parents et des élèves. Que pourront-ils faire et que feront-ils ? Quel rôle jouera alors l’Éducation nationale et comment ?



En France, l’École (publique et privée) est sous le contrôle de l’État. Son organisation est uniforme sur l’ensemble de l’Hexagone. Uniformité formelle, j’en conviens, mais qui sert de colonne vertébrale à l’ensemble. Suite au confinement, sans préparation ni des parents ni du corps enseignants, c’est un autre système, hybride, qui se mettra en place et fonctionnera pendant des semaines, peut-être des mois. Aux mécanismes centralisés, bureaucratiques et technocratiques, très peu évolutifs, succèdera l’empirisme total, à travers une complète décentralisation sur les parents.



Première conséquence de la grippe A : un bouleversement profond du système éducatif ; or la majorité des acteurs n’en ont pas encore pris conscience.

Pour dire vrai, cela va considérablement accentuer l’existant scolaire actuel, nié par beaucoup d’enseignants et de cadres éducatifs. Deviendront essentielles les activités autour de l’École mais que l’École feint d’ignorer. La colonne vertébrale ayant disparue, les autres éléments déjà à l’œuvre vont prendre une place prépondérante, de façon diversifiée suivant les élèves. Alors que depuis quelques décennies les enseignants français peinent à individualiser les enseignements, ce sont les parents qui soudain le feront.



Les élèves pourront bénéficier des productions pédagogiques déjà préparées dans cette perspective depuis plusieurs mois, notamment par le CNED. Elles leur parviendront par la télévision, la radio, puis par Internet. La " e-académie " est promise à un beau succès, au moins au début, tant qu’elle pourra afficher une situation de quasi-monopole qui sera brève. En supposant que la totalité des familles disposent, à défaut de l’accès à Internet, d’une radio ou d’une télévision, le système éducatif considèrera qu’il a rempli son devoir et assuré sa mission. Les enseignants, qui n’auront plus d’élèves en classe, seront sollicités pour faire de l’accompagnement à distance (alors qu’ils ne sont pas formés à cela), de la correction de devoirs, etc. Une coupure se fera rapidement entre d’un côté les élèves qui se " contenteront " de ce service formel minimal, somme toute peu contraignant et de l’autre ceux qui bénéficieront de groupes de travail collaboratif à distance, avec leurs enseignants ou d’autres personnes ressources, accompagnés de différentes formes de " coaching ", dont celles offertes par Internet. Quatre grandes catégories d’élèves, déjà présentes, se distinguent.



* Il y aura d’abord les élèves aidés par leur famille, ceux dont l’avenir est tracé dès la maternelle, qui sont destinés à entrer à Polytechnique, Normale sup, Sciences Po ou en médecine. Ils sont accompagnés par leurs grands-parents, leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs cousins, des amis, par leur milieu composé de cadres, d’enseignants, d’avocats, d’architectes, d’ingénieurs, etc. Ces élèves apprennent l’essentiel en dehors de l’École, parfois avec plusieurs d’années d’avance sur l’âge officiel. Pourtant l’École les présente comme ses plus belles réussites : mentions au Bac, lauréats du concours général, olympiades, etc. Dans PISA ils font mieux que les petits finlandais ou coréens. Pour eux, avec le confinement, le changement sera faible. Les nouvelles ressources mises à leur disposition par l’Éducation nationale s’ajouteront à celles qu’ils utilisent déjà. Il n’est pas certain qu’ils s’en servent tant ils pourront les trouver culturellement pauvres. Leur communauté continuera, comme si de rien n’était, à les prendre en charge. Parmi eux, les enfants des familles les plus aisées en profiteront sans doute pour aller faire un semestre ou une année d’études dans un pays moins touché par la grippe. Je n’évoque pas ici les élèves intellectuellement précoces (200 000 selon l’Inspection générale). Ceux d’entre eux qui réussissent à l’école sont souvent repérés au moment où ils passent le Bac avec deux ou trois années d’avance. Pour eux, rien ne changera. Par contre, ceux qui, au contraire, échouent (plus du tiers) parce qu’ils s’ennuient à l’école emprunteront les autres voies que je vais indiquer. Entrent encore dans cette première catégorie les élèves dont les familles ont décidé de ne pas scolariser leurs enfants ; elles ne représentent qu’un faible pourcentage, en légère augmentation, mais qui risquera de s’accroître après le confinement. Au total, ce premier groupe représente environ 30% des élèves.





* Existe une deuxième catégorie d’élèves. Il se dit qu’il y aurait en France aujourd’hui plusieurs milliers d’officines d’enseignement. Leur chiffre d’affaire a augmenté de 35% cette année. Il a atteint 2,5 milliards d’Euros. Elles concernent massivement les enfants des classes moyennes, entre 20% et 25% des élèves. Certes, les cours particuliers existent depuis longtemps et les parents français, l’été dernier, ont acheté 4,5 millions de livrets de devoirs de vacances. Mais avec le développement massif des officines, on est passé de l’artisanat à de l’industrie de masse. En raison de leur petite taille, ces entreprises sont très réactives. Elles collent aux besoins. Pour elles, c’est une question de vie ou de mort. Par exemple lorsque l’orientation des élèves a été pointée comme une faiblesse du système éducatif français, en peu de temps, elles ont lancé sur le marché de nouveaux produits " orientation ", sous la forme de modules. Il est évident que face aux confinements, elles transformeront leur offre : d’une part, en proposant de très petits groupes avec de strictes règles sanitaires ; d’autre part, par un usage généralisé des possibilités de travail à distance : Internet, mails, SMS, Webcam, téléphone, outils de travail collaboratif, etc. La jeunesse n’aura aucune peine à les utiliser, bien au contraire. Je suis certain que ces officines s’y préparent déjà.





Certes, les produits officiels de l’Éducation nationale diffusés en cas de confinement seront gratuits pour les familles. Mais ils sont élaborés par des organismes dont la réactivité n’est pas la qualité première, ni l’écoute des usagers. Ils sont le fruit d’équipes habituées à traiter les grandes masses, par des modalités uniformes et impersonnelles. La part sera donc belle pour la " concurrence " qui jouera la carte de l’écoute et de l’individualisation. Toutes les formes de coaching seront proposées et pratiquées. Dans les faits, il reviendra aux coachs de veiller, pour chaque élève, à la cohérence de ses activités. Sur le territoire confiné, on devine le patchwork que constituera l’ensemble : il sera de plus en plus difficile de trouver dix élèves faisant la même chose. C’est déjà en grande partie le cas aujourd’hui pour près du quart des élèves qui font appel à ces officines, alors que le corps enseignant feint de l’ignorer pour ne pas en tenir compte. Avec la grippe porcine, cela deviendra central et les enseignants, placés en situation périphérique, devront s’adapter à cette situation totalement nouvelle.



* Comme ils le font déjà, les élèves des familles plus modestes, se tourneront vers les associations de quartier, lorsqu’elles ne seront pas fermées par précaution sanitaire. Ceux qui disposent d’Internet iront sur des sites gratuits, à la rencontre de personnes de bonne volonté qui les aideront à faire un devoir (ou même le feront à leur place !). Qui assurera le suivi global de l’élève lorsque la famille n’en est pas capable (famille éclatée, absente, peu éduquée…), lorsque ses moyens financiers ou sa culture ne lui permettra pas de bénéficier de coaching ou d’Internet ? Existera sans doute un vague suivi à distance, assuré par les enseignants. Pour des élèves ayant peu d’appétence pour les études et peu d’encouragement de la part de leur entourage, son influence sera encore plus réduite qu’elle ne l’est en classe, où l’on sait qu’elle est faible. Or on peut estimer que ce groupe représente près de 30% de nos élèves, ceux dont les performances à PISA, sans être les plus basses, sont en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Ils seront, de fait, condamnés à " de l’auto coaching ", c’est-à-dire livrés à eux-mêmes. On demandera donc encore plus à ceux qui à l’heure actuelle peuvent déjà le moins, ou presque, car il existe une quatrième catégorie.





* C’est la population (de 15% à 20%) des élèves en très grande difficulté depuis la fin de la grande section de maternelle. Ils lisent très difficilement et ne se sentent pas vraiment concernés par la classe. De là à leur demander de reproduire l’école volontairement chez eux ou ailleurs et d’en assumer toutes les conséquences… Sans oublier les 180 000 élèves de l’enseignement secondaire (" que " 5,4% des élèves dit la DEPP ; en fait, cela représente l’académie de Clermont-Ferrand !) absents fréquents et qui finissent par ne plus revenir assister aux cours, ou seulement au fond de la classe où ils passent leur temps à envoyer des SMS. Souvent ils disparaissent, au soulagement de leurs enseignants ; on comprend pourquoi. Que feront ces élèves ? Qui les prendra en charge ? Même physiquement présents en classe, ils ont déjà quitté l’École. Peut-on raisonnablement attendre qu’ils la réorganisent en dehors ? En outre, tous n’ont pas Internet chez eux. Si dans certains établissements ils sont peu nombreux (de l’ordre de 2%), dans d’autres, ils représentent plus de 30% des élèves. Personne ne tient à mettre cela sous les projecteurs car les moyens financiers attribués aux établissements scolaires dépendent du nombre de leurs élèves inscrit chez eux. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir dans un lycée professionnel une section prévue pour 16 élèves ouvrir difficilement en juillet avec 12 inscrits (sous de multiples pressions), puis seulement 8 présents à la rentrée de septembre et plus que 4 élèves en novembre. Personne ne pourrait alors imaginer de la fermer à cette époque de l’année pour cause de nombre insuffisant d’élèves. Pourtant, la grippe A le fera ! Pour ce quatrième groupe d’élèves, il y a peu d’espoirs que les effets de la grippe A aillent dans le sens de l’amélioration de leurs performances scolaires.





Pour résumer : la grippe porcine n’aura guère d’effets négatifs sur la population des élèves qui apprennent bien, de multiples façons et en différents lieux. Elle modifiera les attitudes et comportements des deux groupes intermédiaires, peut-être de façon durable et elle isolera encore plus ceux qui n’arrivaient pas à trouver leur place dans le système scolaire. Les écarts se creuseront encore et les enseignants découvriront, sous la contrainte, de nouveaux métiers.



Si le confinement se poursuit pendant plusieurs mois (qui sait ?), la diversification des pratiques effectives des élèves et des familles s’intensifiera. C’est un système totalement individualisé qui progressivement se mettra en place, de façon empirique et non régulée. D’uniforme, l’école deviendra hybride. De formalisée jusqu’au moindre détail, elle tendra à être indescriptible. Les écarts de performances entre les différents groupes d’élèves, cruellement mis en lumière par PISA, vont s’accroître. Le rapport entre les élèves et les enseignants devenus une ressource parmi d’autres, vont considérablement évoluer. Des sortes de " facebook pédagogique " entre élèves verront le jour, proposant des groupes de travail entre " amis " et indiquant les " bons " enseignants ; sans s’attaquer les autres, leurs messages seront clairs. Le rôle de l’Éducation national restera essentiel sur les examens, mais il faudra les faire passer autrement. Si nous en sommes encore à vouloir interdire l’usage des calculatrices (c’est-à-dire, en réalité, des ordinateurs de poche connectés à Internet), certains pays ont déjà fait un choix opposé : l’usage d’Internet est favorisé pendant les examens. Cela oblige à concevoir des épreuves d’un tout autre type.





Ce bouleversement sera-t-il durable ? Sans doute en partie. Pour aller vers quoi ? Que sera le rôle de l’État ?

Un jour le confinement cessera et… tout ne reviendra pas dans l’ordre précédent. D’abord d’autres confinements pourront suivre. Mais il y a plus important. Pendant des semaines, les élèves et leurs familles auront inventé, construit et fait fonctionner une autre école. Certes, pour l’enseignement primaire dont les fonctions sont autant sociales que cognitives, les familles rescolariseront leurs enfants, mais elles chercheront de nouveaux équilibres avec les enseignants. Je peine à imaginer lesquels. Ils diffèreront d’une école à une autre. La variété règnera. Les parents ne seront plus " sur le paillasson " de la classe, selon la remarque faite par une délégation québécoise venue en France observer nos établissements scolaires. D’usagers, ils deviendront parties prenantes.



Au collège, ce sera plus difficile de trouver un nouvel équilibre. Les élèves ne voudront pas renoncer à l’autonomie acquise, qu’ils l’aient utilisée à bon escient ou pas. Les officines ne lâcheront pas les marchés conquis, les associations non plus, même si elles se défendent de raisonner en termes de marché. Les élèves ne voudront pas interrompre du jour au lendemain leurs usages d’Internet et de leurs instruments nomades. Un nombre plus important de parents se seront emparés de ce que font leurs enfants. Placés soudainement par la grippe A au cœur du réacteur, en majorité ils n’accepteront pas de se retrouver rejetés à la porte de l’Ecole et de la classe. L’École du XIXème siècle sera révolue, celle du XXIème entamera son élaboration et le milieu enseignant devra s’y atteler. À sa manière, la grippe porcine va réformer le lycée.



C’est donc un radical chambardement du système éducatif qu’annoncent les suites de la grippe A.



L’épidémie est mondiale. Pourtant, elle n’aura pas le même impact sur les divers systèmes éducatifs. L’existant est différent d’un pays à un autre. Là où le rôle des parents est déjà important, intégré dans les pratiques sociales comme dans les pays du nord de l’Europe, les relations entre eux et le milieu enseignant se poursuivront à travers des modalités adaptées, basées sur les outils modernes de communication. Selon leurs traditions, ils bâtiront ensemble, sans heurt, leur nouvelle école.



Là où les élèves sont dans l’obligation de poursuivre des activités scolaires intenses en dehors de l’École (comme au Japon ou en Chine), ces pratiques seront accentuées. Des équilibres inverses entre les registres scolaire et hors temps scolaire verront le jour. Dans les pays où les élèves doivent déjà obligatoirement, chez eux, passer un temps important à travailler sur Internet (comme en Corée), ils auront encore plus à le faire. Ils perdront progressivement de vue l’intérêt du travail en présentiel. C’est encore un autre type d’école qui se dessine.



À l’intérieur de chaque pays, les organisations scolaires seront hybrides. Et, d’un pays à un autre, les évolutions se feront dans des voies dissemblables, même si des standards internationaux serviront de référence. Ces évolutions seront peu corrélées aux systèmes politiques. En fait, c’est déjà le cas. Des pays libéraux, comme l’Angleterre, introduisent des régulations étatiques, tandis que la république socialiste du Vietnam voudrait, que dans les quatre années qui viennent, le nombre des étudiants dans les universités privées passe de 17% à 60%.



Pour reprendre une expression de Gérard Moreau (Secrétaire général de l’AFAE) : " le mammouth est réformable " ; grippe A oblige, il le sera. Loin des misérables débats actuels sur les épreuves du brevet, les structures et les filières du lycée, etc. il devra prendre en compte les questions les plus naturelles qui soient : comment les élèves apprennent en classe ? Comment les élèves apprennent en dehors de la classe ? Comment ces deux voies s’articulent-elles ? Quel sera le nouveau rôle des enseignants ?



Aucun modèle mondial unique ne se dégagera : les situations seront variées entre les pays et à l’intérieur de chaque pays. Les États fixeront les standards, les indicateurs de résultats et assureront les régulations, en veillant à l’équité du système (faiblesse majeure du système actuel). L’avenir sera bientôt dans des systèmes scolaires pluriels et hybrides.







Alain Bouvier

Ancien recteur

Membre du Haut conseil de l’éducation