jeudi 15 janvier 2009

Evaluations CM2, lettre à l'IEN


Objet : Epreuves de 3ème année de cycle III dites « Evaluations Nationales CM2 ».

Monsieur,

J’ai bien reçu ce jour, mercredi 14, vos instructions pour soumettre l’ensemble de ma section de 3ème année de cycle III aux épreuves sus-dites.

Fort de mon expérience, je considère que le nombre de jours d’enseignement qui aurait précédé ces épreuves, soit soixante-huit, n’aura pas été suffisant, pour que les enfants passent l’intégralité de ces nouvelles « épreuves » dans des conditions correctes de réussite.

De surcroît, je note qu’il faudra désormais annoter ces épreuves en choisissant entre deux termes : « acquis » ou « non acquis », termes extrêmement réducteurs et en totale contradiction avec les instructions et leur esprit que jusqu’ici vous n’avez pas manqué de défendre et du bien-fondé desquels je reste convaincu : Cet aspect lapidaire et d’irréversibilité m’offusque pour le moins.

Aussi, et parce que j’ai délégation des familles pour enseigner avant de sanctionner, sur ce temps contraint, dévolu à l’Education Nationale et que nous avons malencontreusement réduit, je ne soumettrai la cohorte de CM2 qu’aux épreuves que je jugerai suffisamment enseignées, fût-ce en plusieurs fois et aux dates que je jugerai opportunes, étant entendu que les résultats obtenus seront joints, comme il se doit, au dossier de chaque élève, à la veille de son entrée en 6ème (préalablement à la commission d’entrée).

Je préférerais de loin, car plus instructif, un retour aux évaluations d’entrée de 6ème qui, menées par des professeurs ne connaissant pas les élèves et inconnus d’eux, offraient à tous le mêmes chances de réussite sans préparation préalable possible et, sans distinction d’origine, présentaient un aperçu plutôt objectif des connaissances de la classe avec laquelle les professeurs allaient travailler.

Je soulignerai pour finir l’incongruité de cette prétention à vouloir évaluer les acquis dans le cadre des nouveaux programmes, eux-mêmes « planifiés » sur trois ans… dans les six mois qui suivent leur mise en place.

Monsieur l’Inspecteur, la présente démarche me pèse. Elle n’est dictée que par ma volonté de tenir l’engagement que j’ai signé, au début de ma carrière, de travailler à la réussite de chaque enfant qui m’est confié, ce qui doit être fait avec clairvoyance, pugnacité, mais sans précipitation.

Il serait réducteur de faire croire que l’âge de dix-onze ans ne doit être que celui des bilans.

Il est celui de la construction et de l’espérance.

Avec tout mon respect,

Cordialement, Soubès, le 14 janvier 2009